Chumbawamba raccroche après 30 ans d’agitation

© DR

Le groupe anarcho-punk britannique Chumbawamba annonce sa séparation. Retour sur trente ans d’une carrière surréaliste.

La « ticking-ticking-ticking time bomb » a finalement eu raison de Chumbawamba. Dans un article du Guardian, les membres du groupe anarcho-punk britannique ont annoncé la dissolution de leur formation, après 30 ans d’existence.

Le groupe s’est constitué autour de Boff Whalley, à Burnley en 1982. Ses membres se croisaient sans cesse à des concerts de punk. Bercés à divers biberons musicaux (tels qu’Adam & the Ants ou P.I.L.) ou politiquement marqués (comme Crass), Chumbawamba s’est rapidement propulsé en première ligne du mouvement anarcho-punk dans les années 1980. Le groupe s’est fréquemment produit en squats et dans des concerts pour des causes telles que les droits des animaux, l’opposition aux guerres et le soutien aux minorités. Plusieurs de leurs chansons évoquent notamment les grèves des mineurs, dont une référence au village de Fitzwilliam (dans le Yorkshire), l’un des cas les plus durement frappés lors des grèves en 1984-1985.

Chumbawamba s’est également illustré en 1986 avec un premier album, Pictures of Starving Children Sell Records (chez Agit Prop Records) en réaction très critique au concert Live Aid de Bob Geldof qui, selon ses membres, n’était que pure cosmétique face aux réels problèmes de la faim. Le premier son enregistré pour ce disque a d’ailleurs été celui émis par Danbert Nobacon (chant et claviers) en train de vomir dans des toilettes…

Allergiques à l’hypocrisie médiatique de beaucoup de personnalités en vue, les membres de Chumbawamba ont par exemple donné un concert à Copenhague la veille du vote danois en faveur du Traité de Maastricht. De violentes émeutes ont éclaté et la police danoise a tiré sur les manifestants. C’était un fait sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale.

S’ils s’en sont également pris à Jason Donovan, taxé par le magazine The Face d’être homosexuel mais de ne pas l’admettre publiquement, une chanson a fait date dans leur album Anarchy (sorti en 1994, chez OneLittleIndian). Homophobia faisait référence aux violences homophobes et les Soeurs de la perpétuelle indulgence apparaissent dans la vidéo.

Mais c’est en 1997 que Chumbawamba s’est fait connaître du grand public avec le phénoménal succès de leur titre Tubthumping (chez EMI). Paradoxalement, il leur a aussi valu les critiques les plus vertes de la part de leurs fans traditionnels qui les ont accusés de s’être fourvoyés et d’avoir cédé aux sirènes du succès sacrifiant leurs valeurs. En 1989, Chumbawamba avait notamment participé à une compilation intitulée Fuck EMI… Interprétant ce titre aux Brit Awards 1998, Danbert Nobacon (encore lui) est allé vider un pichet d’eau sur la tête du député travailliste John Prescott, assis dans le public. De plus, les membres avaient conseillé à leurs fans de voler leur album chez HMV et Virgin. Retrait immédiat des CD des bacs chez les enseignes visées…

Plus discret depuis le début des années 2000, Chumbawamba qui ne compte aujourd’hui plus que deux de ses membres fondateurs, Boff Whalley et Lou Watts, déclare à ses fans : « Peut-être que quelqu’un pourrait organiser un concert hommage dans un pub ? Cela complèterait l’absurdité surréaliste de ces 30 années. »

Alexandre Huillet (stg)

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content