« Un peu connu, un peu reconnu »: le best of scènes 2012-2013

David Murgia dans Discours à la nation d'Ascanio Celestini. © DR
Nurten Aka
Nurten Aka Journaliste scènes

Les Prix de la critique théâtre et danse 2013 ont été dévoilés lundi soir, au Varia. Voici le palmarès des « meilleurs » de la scène.

C’est une tradition de la presse francophone. Chaque année, entre journalistes spécialisés « arts de la scène », on (se) débat en arguments pour esquisser « les meilleurs » de la saison écoulée: meilleur spectacle, meilleur mise en scène, comédiens, espoir féminin, spectacle jeune public, chorégraphie, création technique etc. Les prix sont symboliques mais la profession tient à ce moment de visibilité, à l’écusson du prix qui donne – mine de rien – une reconnaissance publique. De l’importance des symboles, encore et toujours…

Cérémonie tournante, cette année, on s’est réuni au théâtre Varia, animée pour l’occasion par la musique (basse, batterie-voix) des filles de Guys in the Kitchen. Voir le milieu réuni, une fois l’an, est toujours touchant, là, sans distinction de chapelles. Les paroles se croisent, des artistes parfois se découvrent, attentifs au travail de l’Autre. Question palmarès, cette année, pas de regrets de la part de la profession, assez contente des lauréats. Question discours des lauréats: bof, enfoncés dans les « merci » du genre, certains faisant signe à leur « maman ». D’autres se sont préparés « au cas où ». Ainsi du duo Pierre Sartenaer et Guy Dermul venus « accepter » le prix du meilleur auteur. Dans un discours pince-sans-rire, une distanciation qui aurait fait se poiler Brecht, ils se sont piqués de ces prix, « une stèle à l’artiste inconnu », rendant une « hommage » aux deux autres auteurs (perdants) dont l’écriture en solo aurait peut-être joué pour eux, ou encore s’amusant de cette cérémonie « en crescendo comme Le Boléro de Ravel, du plus bas de la technicité au plus haut du spectacle ». Car en effet, les prix démarrent par « la meilleur création technique et artistique » au prix du « meilleur spectacle ». Les critiques que nous sommes n’ont pas été épargnés (« lire la ligne c’est bien, lire entre les lignes – surtout pour un critique – c’est mieux »). L’humour est de bon aloi dont le fond du propos est… entre les lignes. L’arme est fatale.

Enfin, la politique culturelle n’a pas été oubliée. Une tribune improvisée a été laissée au ConseilDead pour leur « combat continu », ou encore les artistes du secteur « jeune public » venus rappeler que travailler dans ce secteur est une choix, venus épingler  » leur étonnement sur les moyens incompréhensiblement répartis entre les secteurs », pour eux qui ont « une soif d’équité, une faim de solidarité ». Un questionnement très intéressant. En attendant, the winner is…

Meilleur spectacle: Discours à la nation, texte et mise en scène d’Ascanio Celestini, adaptation française de Patrick Bebi, interprétation de David Murgia (Festival de Liège/Théâtre national).

Meilleure mise en scène: L’Eveil du printemps de Frank Wedekind, par Peggy Thomas. (Théâtre royal de Namur/Rideau de Bruxelles/Cie Les Orgues).

Meilleur spectacle de danse: Black Milk de Louise Vanneste (Rising Horses), par Eveline Van Bauwel et Louise Vanneste, aux Brigittines.

Meilleur spectacle jeune public:Le Voyage intraordinaire, texte d’Eric Durnez, mise en scène de Thierry Lefèvre (Une Compagnie, aux Rencontres théâtre jeune public à Huy).

Meilleur seul en scène:After the walls (Utopia) par Vincent Lécuyer, concept, texte et direction d’Anne-Cécile Vandalem. (Théâtre national/Théâtre royal de Namur/KunstenFestivaldesArts/Das Fräulein (Kompanie)/Théâtre de la Place de Liège).

Meilleure comédienne: Catherine Mestoussis et Magali Pinglaut dans Les Invisibles d’après Le Quai de Ouistreham de Florence Aubenas, mise en scène d’Isabelle Pousseur (Théâtre Océan Nord).

Meilleur comédien: Karim Barras dans Hamlet, mise en scène de Michel Dezoteux (Varia, Manège. Mons, Théâtre de la Place), et dans Une Lettre à Cassandre, de Pedro Eiras, mise en scène de David Strosberg (Tanneurs).

Meilleur auteur: Pierre Sartenaer et Guy Dermul pour It’s my life and I do what I want (Tanneurs/KVS).

Meilleure découverte: La Vecchia Vacca, écriture et mise en scène de Salvatore Calcagno (Tanneurs/asbl garçongarçon).

Meilleur espoir féminin: Céline Peret dans Terrain vague, de Thibaut Nève, mise en scène de Jessica Gazon (Marni/Cie Gazon-Nève).

Meilleur espoir masculin: Maroine Amimi dans L’Encrier a disparu, d’après Daniil Harms, mise en scène de Bernard Cogniaux, Le Bourgeois Gentilhomme de Molière, mise en scène de Serge Demoulin, et La Serva amorosa de Goldoni, mise en scène de Pietro Pizzuti (Public).

Meilleure scénographie: Emmanuelle Bischoff pour L’Éveil du printemps de Frank Wedekind, mise en scène de Peggy Thomas.

Meilleure création artistique et technique: pour Melanie Daniels, de Claude Schmitz: Philippe Orlinski (lumières), Thomas Turine (création sonore), Arieh Serge Mandelbaum, Boris Dambly, Judith Ribard (accessoires) et Zaza Da Fonseca (maquillage). (Paradies/Balsamine/KunstenFestivaldesArts).

Le Prix Bernadette Abraté couronne, lui, Anne Kumps, programmatrice et productrice cirque et jeune public aux Halles de Schaerbeek.

Le jury est composé de Michèle Friche (Le Vif/L’Express, Le Soir), présidente du jury, Christian Jade (RTBF.be), président de l’ASBL, Nurten Aka (Focus Vif, Agenda BDW, Radio Campus), Marie Baudet (La Libre Belgique), Laurence Bertels (La Libre Belgique), Muriel Hublet (Plaisir d’offrir), Adrienne Nizet (Le Soir), Nicolas Niaizi (Métro, Radio Campus), Catherine Makereel (Le Soir, Radio Campus), Camille de Marcilly (La Libre Belgique), Dominique Mussche (Musiq’3- RTBF Radio).

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content