Critique | Musique

Two Door Cinema Club – Beacon

Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

POP | Après le succès inespéré de leur premier album, les Irlandais de Two Door Cinema Club relancent leur machine pop. Sans surprise, mais avec conviction.

TWO DOOR CINEMA CLUB, BEACON, DISTRIBUÉ PAR KITSUNE/COOP. ***
EN CONCERT LE 26/11, AU BOTANIQUE (COMPLET); LE 14/03, À L’AB.

L’air de rien, petit à petit, Two Door Cinema Club a fait son nid. A la faveur peut-être d’une mésentente, une légère incompréhension: trio nord-irlandais, Two Door Cinema Club sortait son 1er album en 2010 sur Kitsuné, le label français plutôt branché électro. Tourist History avait même été mixé par Philippe Zdar (Cassius, Motorbass). De quoi brouiller les cartes et ranger le band de Belfast au rayon French Touch. Seulement voilà: la pop de TDCC n’a pas le romantisme d’un groupe comme Phoenix; par contre, elle dégage une énergie qui fait des ravages. Traduit en chiffres, cela donne 1 million d’exemplaires de Tourist History vendus, arrachés single après single. Un véritable exploit. « La première fois qu’on a joué aux Etats-Unis, à New York, c’était devant 300 personnes. Un an plus tard, on a rempli une salle de 5000 places! », raconte, toujours épaté, le chanteur Alex Trimble. « C’était une période étrange. Tout à coup, on a pu par exemple bénéficier des services d’un technicien pour accorder nos guitares et nous les passer pendant nos concerts. Je n’en revenais pas (rires)! »

Deux ans plus tard, le groupe affiche toujours aussi peu de prétention. On le reconnaît de loin: ce mélange tellement irlandais d’autodépréciation (Kevin Baird, basse: « On ne vient pas de ‘hotspots’ comme Londres, ou Manchester. Autant dire que vous ne voyez jamais les mecs des majors du disque débarquer dans les bars de Belfast ») et de fierté farouche -Alex Trimble: « La plupart des songwriters que j’admire sont irlandais: Neil Hannon (Divine Comedy), Gary Lightbody (Snow Patrol), Tim Wheeler (Ash), Peter Wilson… J’ai grandi avec leurs morceaux et mon ambition est d’écrire un jour des chansons aussi bonnes que Girl From Mars ou National Express. »

Grande joie, grosse déprime

En attendant, les gars sont retournés au charbon pour accoucher d’un deuxième album. Foncièrement, la trame n’a pas changé. Le nouveau Beacon reste une plaque entièrement plongée dans le bain indie pop. Il est en quelque sorte une suite de Tourist History, qui joue moins sur la différence que sur l’upgrading: plus forte, plus variée, plus agitée. Trimble: « Avant le premier album, on avait une vie encore peinard, on vivait tous chez nos parents. Ici, on a pas mal bourlingué, vécu des choses incroyables, et du coup on est passés aussi par des sentiments extrêmes, à la fois de grande joie et de grosse déprime. Forcément, cela se ressent sur les nouvelles chansons. » A la production, l’Américain Jacknife Lee fait le pont entre les envies d’hymnes et de grands espaces du trio (Someday, Next Year) et ses racines indie. « Il a produit aussi bien des groupes de stade énormes comme U2 ou REM que des trucs plus alternatifs comme Bloc Party ou Silversun Pickups. C’était ce qu’on cherchait. » Quitte à sonner parfois comme les Killers, mais sans le côté pompier. Evidemment, Beacon n’a rien de révolutionnaire. Mais en tant qu’objet pop, il remplit parfaitement son contrat: évoquer à la fois l’excitation ado et une vague mélancolie. Sans pour cela que les trois TDCC se sentent obligés d’afficher un look extravagant ou de rouler des mécaniques. Après tout, on a toujours besoin de bons artisans…

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