Año bisiesto, Laura y el sexo

© DR

Michael Rowe signe un premier film fascinant autour de deux solitudes se retrouvant dans des rituels sexuels orchestrés dans le plaisir et la douleur.

C’est l’histoire de Laura Lopez, 25 ans, journaliste à Mexico; une jeune femme dont l’existence solitaire ressemble à un grand vide, occupé le plus souvent par la lucarne de la télévision, et entrecoupé à l’occasion par les visites de son frère, ou ces rencontres qu’elle ramène dans son appartement pour des passades sans lendemain. Et sa vie de suivre un cours, mortel, où chaque journée serait clonée sur la précédente, encéphalogramme sans autre pic que ces amants s’évanouissant invariablement dans la nuit.

Cette morne routine serait sans doute appelée à durer obstinément, si sa route ne croisait un jour celle d’Arturo. Entre Laura et lui, il y a d’emblée quelque chose de particulier. Si bien que ce qui ne devait être qu’une énième aventure aussitôt oubliée ouvre sur une relation passionnelle, assortie de rituels sexuels orchestrés dans un crescendo de plaisir et de douleur. Cela tandis que l’énigmatique Laura raye consciencieusement les jours sur le calendrier suspendu à son mur.

Radical et cru

Premier long métrage de Michael Rowe, Año Bisiesto est assurément un film insolite, aussi radical dans son propos (une histoire d’amour s’épanouissant dans une relation sexuelle violente explorant le rapport dominant-dominé) que dans son expression. Léthargique et neutre en apparence, la mise en scène minimaliste intrigue dans un premier temps, avant de laisser s’instiller, par la répétition même de gestes mécaniques et creux, un sentiment croissant de tension. S’y ajoute une dimension physique appuyée, dont les scènes de sexe, d’une crudité objective et d’un érotisme sans glamour, sont la manifestation la plus exacerbée.

Dérangeant et inconfortable pour sûr, l’ensemble n’en est pas moins d’une fascinante facture, à quoi Monica Del Carmen et Gustavo Sanchez Parra, incarnations de ces deux solitudes, apportent une formidable présence. Quant au talent à l’évidence singulier de Michael Rowe (quoique son film ne soit pas sans évoquer, par certains aspects, le Sangre de Amat Escalante), il a été récompensé par la Caméra d’or couronnant la meilleure première oeuvre au dernier festival de Cannes.

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Año Bisiesto, de Michael Rowe, avec Monica Del Carmen, Gustavo Sanchez Parra, Marco Zapata. 1h32.

Jean-François Pluijgers

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