Critique | Musique

Critique CD: Wallis Bird – Wallis Bird

Kevin Dochain
Kevin Dochain Journaliste focusvif.be

FOLK | Sur son 3e album, la pétillante Irlandaise cogne toujours sa guitare acoustique avec autant de conviction. Et se livre en introspection dans de grandes chansons très personnelles.

Wallis Bird
Wallis Bird© Jens Oellermann

Wallis Bird, Wallis Bird, distribué par Rough Trade. ****
En concert au festival de Dranouter le 04/08. www.wallisbird.com

« You don’t know shit. Ain’t it better not to know it? » Dès les premières phrases de ce 3e album très personnel, la chanteuse éponyme donne le ton: léger mais empreint d’une gravité profonde. Après 2 disques -passés relativement inaperçus par chez nous- où elle s’attardait à chanter sa joie de vivre, la folkeuse ajoute une dimension à son répertoire et fait mouche.

Retour en arrière. Londres, été 2008, c’est presque par hasard qu’on tombe sur un concert de Wallis Bird, dans un petit bar de Hoxton Square, îlot de verdure perdu au milieu de la grisaille de la ville. Le coup de foudre est immédiat: à l’heure où la folk a trop souvent tendance à rimer avec minimalisme et émotion à fleur de peau, Wallis prouve qu’on peut jouer acoustique avec une énergie punk sans pour autant sonner comme une énième pâle copie des Pogues. Et surtout, l’Irlandaise d’origine, entourée d’un band issu de Londres, Bruxelles et Berlin, délivre chacune de ses chansons avec un groove et une énergie positive à couper littéralement le souffle.

Biberonnée au son d’Ani DiFranco dont elle se réclame, Wallis Bird doit développer un style de guitare tout particulier suite à un accident qui aura raison du petit doigt de sa main gauche. Tout naturellement, elle retourne sa guitare en position gaucher sans pour autant changer l’ordre des cordes: en résultera un jeu particulièrement rythmique et bourré d’énergie qui sera sa marque de fabrique.

Fuck death

Comme pour signifier une rupture avec ses 2 albums précédents, Wallis effectue pour le coup une réelle introspection. S’isole dans un cottage reculé du fin fond de son Irlande natale, enregistre dans une ancienne station de radio allemande d’où le gouvernement diffusait sa propagande, ou se confine dans son appartement de Brixton. En sortent 11 titres aussi variés qu’attachants. Sur I Am So Tired of That Line, elle accompagne son hymne féministe (« I love you, you love me. You hunt food, I make the babies. I am so tired of that line ») d’une rythmique presque industrielle. Sur le single Encore, elle donne à sa folk des airs d’électro, sans pour autant utiliser autre chose que des instruments acoustiques. Avec In Dictum, la belle chante son spleen amoureux avant d’exorciser ses démons sur un refrain fédérateur (« There are devils inside that I’m not afraid to meet. There are devils outside that I’m not ashamed to be »). Et sur Who’s Listening Now, Wallis Bird tronçonne sa guitare acoustique avec un groove sauvage qui n’a pas son pareil.

Mais ironiquement, c’est lorsqu’elle se livre à nu que l’Irlandaise assène le coup de poing final qui confirme qu’on a affaire à un grand disque. Ainsi, en 3 minutes de But I’m Still Here, I’m Still Here, elle témoigne de sa propre mort en guise d’ultime thérapie par le mal, et prend aux tripes quand on ne s’y attendait pas. Troublant.

En décembre dernier, on donnait une place de choix à The Mistakes Are Intentional, prédécesseur fait main de Wallis Bird, dans notre top de fin d’année. Peu de doute que celui-ci s’y retrouvera également…

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