Critique

La piel que habito

THRILLER | La piel que habito voit Pedro Almódovar s’aventurer du côté du thriller hitchcockien. Un genre qu’il accomode toutefois à sa façon, unique, en compagnie d’Antonio Banderas, l’acteur fétiche de ses débuts qu’il retrouve 20 ans plus tard.

C’est là, évidemment, le privilège des plus grands: 30 ans après ses débuts, Almodóvar réussit encore à surprendre, non sans continuer à bâtir une oeuvre éminemment cohérente. Ainsi de La piel que habito, son 17e long métrage, adapté du roman Mygale de Thierry Jonquet. Au coeur de la toile, Robert Ledgard (Antonio Banderas), un chirurgien esthétique de premier plan, rendu inconsolable par le suicide de sa femme à la suite d’un accident qui l’avait défigurée. Depuis, le médecin n’a cessé de mener des expériences génétiques dans le plus grand secret, tentant de créer une nouvelle peau qui aurait pu sauver l’être aimé. Un épiderme artificiel dont il éprouve la résistance sur Vera (Elena Anaya), la jeune femme qu’il séquestre dans sa vaste demeure…

Avec ce film, c’est un changement de cap apparent qu’opère le cinéaste, s’aventurant ici du côté du thriller hitchcockien, et convoquant le souvenir de Vertigo comme de Rebecca, à quoi l’on ajoutera un soupçon de Frankenstein, et un autre des Yeux sans visage de Franju. Ces références posées, pour être transcendées au fil d’un canevas où le désir de vengeance côtoie la tentation prométhéenne, La piel que habito n’en reste pas moins du pur Almodóvar; un Almodóvar qui décline son univers et ses obsessions au gré d’un scénario vertigineux et millimétré, emportant bientôt le spectateur dans un tourbillon de sensations. Le résultat est à la mesure de l’exécution, virtuose et éblouissant; tout au plus si l’on regrettera que l’auteur de Parle avec elle ait quelque peu sacrifié les torrents d’émotion submergeant habituellement son cinéma sur l’autel d’une beauté froide dont l’éclat se teinte néanmoins, in extremis, d’accents mélo…

J.F. Pl.

LA PIEL QUE HABITO, THRILLER DE PEDRO ALMODÓVAR. AVEC ANTONIO BANDERAS, ELENA ANAYA, MARISA PAREDES. 1 H 56. SORTIE: 17/08 ****

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