Richard Thompson, The Vaselines, Superpitcher, nos choix musicaux de la semaine

Richard Thompson (« Dream Attic ») sort un album de nouvelles chansons propulsées en live. The Vaselines (« Sex with an X »), toujours dans le rock et la pop lo-fi, remet la simplicité au goût du jour. Et Superpitcher (« Kilimandjaro ») apporte un brin de chaleur à la vague techno minimaliste.

1. Richard Thompson, Dream Attic , distribué par Harmonia Mundi.

www.richardthompson-music.com

Fils d’un inspecteur écossais de Scotland Yard, Richard Thompson est né à Notting Hill en 1949. Il est dans la même classe qu’Hugh Cornwell (futur chanteur des Stranglers) et dévore, en plus du rock’n’roll frémissant de l’époque, la discothèque familiale constituée de jazz et de musiques traditionnelles. C’est dans ce secteur-là qu’il est révélé à 18 ans en incorporant Fairport Convention, groupe qui mène la révolution folkanglaise des sixties. Il n’y reste que quatre années, le temps d’enregistrer cinq albums (…), parmi lesquels le classique Liege & Lief, paru fin 1969.

Dans Fairport comme dans le groupe qu’il fonde ensuite avec sa femme Linda Thompson, il acquiert une réputation de guitariste remarquable, au style fluide et onirique, capable aussi de décharger ses accus en secousses électriques. Deux pièces maîtresses gravées en couple (I Want To See The Bright Lights Tonight, 1974, Shoot Out The Lights, 1982) précèdent la séparation et les débuts solos en 1983.

Une paire d’albums produits par Mitchell Froom assoie alors la carrière de Thompson chez les amateurs de singers-songwriters affûtés, dans les pays anglo-saxons, mais aussi aux Pays-Bas ou en Flandre. De nombreux changements de labels et une distribution aléatoire n’ont pas clarifié une image déjà piratée par un look barbe/béret vaguement folkeux. Assez loin du Photoshopage et YouTubage planétaires.

Le yin et le yang

C’est d’autant plus dommage que la musique n’a rien d’antédiluvien, à commencer par la voix de Thompson, version humanisée du bêlement shamanique de David Byrne. Cet organe puissant traverse avec d’autant plus de vigueur Dream Attic que l’album a été enregistré en public début 2010, lors de concerts sur la Côte Ouest américaine. Il en résulte 13 morceaux inédits, sans overdubs ni réédition studio ultérieurs, un son cru, tonique, garanti live.

Le folk n’est jamais loin: dans Among The Gorse ou le très beau Stumble On, le violon souligne les langueurs médiévales, la voix de Thompson se dénouant en vielle baladeuse comme dans les gigues maniaques de Fairport. Cela ne serait que du folk très électrique s’il n’y avait un yang à ce premier yin. Soit un rock parfaitement acéré et étonnamment rageur. Dans les pièces les plus saignantes, Crimescene et Sidney Wells, Thompson libère une guitare acide gavée d’accords circonflexes et de notes pourpres, jusqu’à la transe finale d’If Love Whispers Your Name. Dans une époque où les guitaristes semblent remisés au rôle de rythmicien, ces décharges sauvages font du bien. Une façon de purifier en incendiant: vive la pyromanie. (Ph. C.)

Dream Attic

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2. The Vaselines, Sex with an X , distribué par Sub Pop.

Adulé par Kurt Cobain qui a popularisé ses Molly’s Lips, Son of a gun et Jesus wants me for a sunbeam, et, dans un passé plus récent, réquisitionné par Isobel Campbell pour remplacer Mark Lanegan en cure de désintox, Eugene Kelly est l’un de ces personnages dont on fait les mythes plus que les héros.

Vingt-et-un ans après la sortie de Dum-Dum, ses Vaselines viennent d’accoucher d’un deuxième album que personne n’osait rêver. Un disque aussi bon que sa pochette est dégueulasse. Le duo écossais, accompagné par des membres de Belle and Sebastian, fait toujours dans le rock et la pop lo-fi et réaffirme le pouvoir de la simplicité dans la musique. Bluffant. (J.B.)

The Vaselines – Sex With An X

3. Superpitcher, Kilimanjaro , distribué par Kompakt/NEWS.

La minimale n’est pas forcément synonyme de rachitisme musical ou de techno blême. Chez Kompakt, on pratique aussi une certaine forme de « simplicité ». Mais là où la techno berlinoise fait souvent dans le pointillisme glacé, le label de Cologne a toujours développé une palette de couleurs plus chaudes.

Kilimanjaro, deuxième album de Superpitcher, en est une nouvelle preuve. Aksel Schaufler de son vrai nom livre une dizaine de morceaux, entre pop rêveuse, microhouse au ralenti et exercices dub cotonneux (Voodoo). On n’est pas toujours très loin d’une certaine lounge, mais en plus droguée (Friday Night) et dotée d’un certain humour, une sorte de distance glacée à la Roxy Music (Friday Night). Schaufler peut également se faire sentimental, comme sur le quasi ambient Moon Fever, ou le très « Ellen Allieniesque » Give Me My Heart Back, où l’on entend les doigts glisser sur la corde d’une guitare invisible. Dans ce registre, le sommet de Kilimanjaro (…) reste Who Stole The Sun, et son panorama jazzy, parsemé de touches de mélodica contemplatif. Superbe. (L.H.)

Focus.be

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