Spiritualité, meurtres glauques et romantisme au BIFFF

Un thriller thaïlandais à découvrir absolument, une histoire d’amour irlandaise ratée et le mythe de Jésus revisité par le cinéaste danois Nicolas Winding Refn. Bonne séance.

Un thriller thaïlandais à découvrir absolument, une histoire d’amour irlandaise ratée et le mythe de Jésus revisité par le cinéaste danois Nicolas Winding Refn. Bonne séance.

Slice est le quatrième long métrage du Thaïlandais Kongkiat Komesiri. Forcément méconnu du grand public chez nous, le BIFFF proposait donc de faire connaissance avec l’univers de ce cinéaste. Thriller policier détonnant et étonnant, Slice s’inscrit dans la lignée des grands films que le cinéma asiatique offre à l’heure actuelle, prouvant ainsi sa bonne forme. Présenté comme une sorte de Silence des agneaux à la sauce aigre-douce, le film de Komesiri n’a absolument rien à envier au travail d’un Jonathan Demme ou d’un David Fincher. Sur la forme, c’est déjà très soigné (l’orgie sexuelle est incroyablement filmée par exemple) avec un cinéaste rendant de très belle manière la noirceur des bas-fonds de la Thaïlande. A travers les différents meurtres, Komesiri nous rappelle que le pays est certes en plein essor touristique mais qu’il subsiste encore énormément de problèmes comme la prostitution enfantine et le tourisme sexuel en général. Le scénario tient la route, sans réel temps mort, se divisant entre scènes centrées sur un Taï (le héros) adulte et ses souvenirs d’enfance. Le twist proposé est d’ailleurs très cohérent et surprendra plus d’un spectateur. Dommage que la fin traîne légèrement en longueur. Le remake U.S. est déjà prévu.

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N’y allons pas par quatre chemins, ce n’est pas parce qu’on est récompensé dans son propre pays comme étant le meilleur film de l’année et que l’on se rend dans divers festivals que c’est un gage de qualité. C’est exactement ce qui arrive à The Eclipse de Conor McPherson. Troisième film du cinéaste irlandais et loin d’être une réussite. Oscillant entre romantisme à deux balles et moments de terreur sortis de nulle part, The Eclipse ne convainc jamais parce que ça n’évite pas les clichés du genre romantique et ensuite les scènes de fantômes sont inexpliquées et surtout inexplicables. Pourquoi voit-il des revenants ou des gens sur le point de mourir, nul ne saura? Certes, c’est surtout propice à ce que Michael (joué par Ciaran Hinds dont on se demande encore pourquoi il est là) rencontre la romancière écrivant sur des fantômes. Ca reste ennuyant de A à Z même si le spectateur est parfois sorti de sa torpeur par quelques scènes réussies, notamment celles avec les fantômes et par les décors superbes du pays de la Guinness. Le cinéma irlandais est-il tellement mal en point qu’il en arrive à récompenser ça?

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Quelques minutes avant sa projection, le film est présenté comme étant un mélange de ce que faisaient Leone, Kurosawa et Tarkovski. Si des deux premiers, il subsiste le personnage silencieux comme Eastwood au temps de la trilogie des dollars et les décors superbement filmés, c’est bien du cinéaste russe que Nicolas Winding Refn se rapproche le plus avec Valhalla Rising. Même si le début est d’une violence extrême pour montrer la bestialité et la brutalité de l’homme, le reste sera pourtant d’une lenteur extrême avec un débit de paroles réduit à son minimum.

De la sorte, le cinéaste veut se concentrer sur l’image et se moque de ce qui va être dit. Il va vouloir emmener le téléspectateur dans une forme de voyage initiatique avec comme sujet principal la spiritualité, Dieu ou les dieux ou encore le Christ. Là aussi, nous sommes très proches de Tarkovski. Avec une critique acerbe de la foi mal placée des Chrétiens, l’avidité de pouvoir et de richesses des hommes, Winding Refn pose un constat peu glorieux de la religion. Mais c’est aussi, à travers le personnage du borgne (incroyablement interprété par Mads Mikkelsen) que l’homme trouvera son salut. Parvenant à trouver son propre style et sa propre identité, Winding Refn ne souffre pas de la comparaison face au cinéaste russe.

L’oeuvre, divisée en différents chapitres (avec un dernier intitulé Le sacrifice, nom du dernier film de Tarkovski), propose une lecture multiple entre un homme partagé par la haine envers les siens mais qui s’évertuera à sauver l’enfant, coeur pur encore loin de tous les pêchés de l’humanité. Le parcours du Borgne est un peu le parallèle de celui du Christ mais avec un côté plus violent. Valhalla Rising pourrait se traduire littéralement comme la montée vers les Dieux, pour se replacer dans un contexte scandinave mais totalement logique car le cinéaste effectue également l’analogie entre la religion chrétienne et les différents dieux de la Scandinavie.

Malheureusement, le public sera rebuté par la lenteur extrême de ce film et la bande-annonce, trompeuse, n’arrange rien. Valhalla Rising sera probablement un échec commercial. Dommage car il s’agit pourtant d’une des plus grandes réussites de ce début d’année.

Pour rappel, la BA est trompeuse:

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Benoît Ronflette (Stg)

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