Detroit et ses ruines urbaines

© Yves Marchand et Romain Meffre

Yves Marchand et Romain Meffre, deux photographes français, sont de passage en Belgique pour présenter, dans le cadre de la 13e édition du Parcours d’Artistes à Saint-Gilles, leur travail sur les ruines de la ville de Detroit. Accompagnés d’autres projets, leurs clichés sont exposés à la Maison du Peuple de Saint-Gilles sous le nom de « Detroit, métamorphose d’une ville ». À cette occasion, nous les avons rencontrés pour discuter un de leur travail.

Le Parcours d’Artistes, dans tout Saint Gilles du 4/05 au 20/05
Plus d’info: www.pacoursdartistes1060.be

L’exposition « Détroit, métamorphose d’une ville » se déroule jusqu’au 27/05

Detroit s’est en quelque sorte imposé à eux. C’est un peu un « rêve d’enfant » pour les deux artistes qui avaient observé des images de la ville et ont été attirés par ces grands bâtiments qui sont différents de ceux trouvés en Europe. Et alors les savoir abandonnés a fini d’éveiller leur curiosité. Lors de leur première visite en 2005, les photographes sont arrivés avec quelques idées préconçues. Ils pensaient trouver une ville où la part industrielle était en ruine, mais comme le dit Romain Meffre, c’est « toute la structure urbaine [qui] est en ruine, des hôtels en passant par les salles de spectacles, les écoles, etc. et qu’on a vraiment presque un musée. Comme Pompéi peut être un musée de Rome figé dans le temps, et là on a vraiment l’impression de voir un musée des États-Unis figé dans le temps. » Il ajoute aussi que « ce qui est intéressant, c’est d’illustrer simplement le contraste entre l’état d’esprit dans lequel ont été construit ces monuments et ce qu’ils sont devenus. »

Romain et Yves se sont rencontrés via leur intérêt commun pour les ruines contemporaines. Avant Detroit, ils se sont intéressés aux ruines contemporaines en Europe. Comme ils le disent tous les deux, il y a une sorte de fascination de « la découverte des lieux où on n’est pas censé rentrer, qu’on ne connait pas, explique Romain ça exerce forcément un certain mystère. Il y a cette idée de rentrer, on joue en quelque sorte aux explorateurs, aux archéologues. Et c’est vrai que très vite on se prend au jeu. Mais c’est aussi un très bon moyen de découvrir l’histoire, la géographie, le contexte un peu social qui amène un bâtiment à devenir une ruine. Tout ça est intéressant. » D’une certaine façon, les 2 photographes ont l’impression de « documenter l’histoire » en prenant ces photos. Le fait que la plupart des buildings soient détruits, « ça nous booste pas mal, si on peut au moins garder une trace de cet état des choses, parce que c’est de tout façon voué à changer, que ce soit réhabilité ou démoli. C’est vrai qu’on est content même de voir d’autres photographes avant nous qui ont fait ce genre de choses sur des bâtiments qui n’existent plus ou qui ont été modifiés. On adore ça. »

Detroit marque l’officialisation de leur collaboration. Yves Marchand explique: « avant, on photographiait beaucoup de lieux en commun, on allait souvent sur les mêmes sites ensemble, même si on avait chacun notre appareil photo, vu qu’on avait tendance à toujours découvrir nos photos ensemble et les commenter ensemble. » Romain Meffre ajoute que « Detroit a scellé le fait qu’on travaille avec un seul appareil. Ce qui ne changeait pas grand-chose, si ce n’est que c’est là qu’on a peut-être commencé à tirer le meilleur de ce qu’on pouvait faire à deux. » À force de travailler ensemble, ils sont sur la même longueur d’onde en ce qui concerne la vision de leurs projets.

Maintenant que leur première série est terminée, les deux photographes ne comptent pas rester les bras croisés. « En fait, on a plusieurs projets en cours. On a notamment un gros projet sur les salles de cinéma désaffectées, mais aussi celles qui ont été transformées pour d’autres usages, donc réinvesties. Par exemple, il y a pas mal de salles, aux Etats-Unis qui ont été transformées en supermarchés ou en espaces de stockage, mais où ils ont gardé une partie du décor original. On essaye de retrouver ces lieux-là et de les photographier. » Comme pour Detroit, ils envisagent ce projet sur la durée. Bien que la série soit toujours en cours, certains clichés seront exposés à Paris à la fin du mois de mai.

Après 5 ans de travail et 7 voyages, les deux photographes ont gardé 186 clichés qui sont regroupés dans le livre Detroit, vestiges du rêve américain parus aux éditions Seidl en 2010. En attendant de repartir à l’assaut des vestiges américains, les deux français parcourent l’Europe avec leurs clichés, et espèrent d’ailleurs un jour retourner dans la ville pour montrer leurs photos.

Aude van den Hove (stg)

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