Critique | Musique

Ol’ Dirty Bastard – Return to the 36 Chambers: The Dirty Version

RAP | Ol’ Dirty Bastard se fait coffrer pratiquement 7 ans jour pour jour après sa mort d’une crise cardiaque. Essentiel.

Ol’ Dirty Bastard, Return to the 36 Chambers: The Dirty Version, distribué par V2. ****

C’est le hip hop qu’on aime. Allumé. Bordélique. Imprévisible. Quelque part sauvage. Return to the 36 Chambers, clin d’oeil au Wu-Tang Clan et aux séries Z made in Hong Kong (le titre est inspiré par un film de kung-fu), est le premier album solo de Russell Tyrone Jones. Le vieux bâtard crado. Russell naît à Brooklyn le 15 novembre 1969 et passe son enfance dans le quartier de Fort Green. En grandissant, il côtoie de plus en plus ses cousins Robert Diggs (RZA) et Gary Grice (GZA) avec qui il fonde le Wu-Tang en 1993. L’idée est d’infiltrer le hip hop, d’établir le Clan avec son premier album et de développer par la suite autant de side-projects que possible. Que chacun devienne une star et empoche des tonnes de royalties. Le plan va se dérouler comme Hannibal les aime dans L’Agence tous risques. Sans accroc.

Sans accroc ou presque. On est quand même dans le milieu du rap. Et Ol’ Dirty Bastard est dans la musique comme dans la vie un franc-tireur. ODB n’en a toujours fait qu’à sa tête (qu’il a de mule). D’où ses nombreux démêlés avec la police et la justice, ses 13 enfants présumés et ses parties de cache-cache avec la mort. Vas-y que je me fais tirer dessus par un rappeur rival dans les rues de Brooklyn, qu’une balle me rentre dans le dos et me ressort par le bras alors qu’on cambriole chez ma petite amie. Que je suis condamné pour avoir mis des mandales à madame. Liste non exhaustive bien sûr…

T’entends ça blanc-bec?

Jones signe avec Elektra et devient, après Method Man, le 2e membre du Wu à lancer une vraie carrière solo. Majoritairement produit par son pote RZA, le « cerveau », Return to the 36 Chambers: The Dirty Version voit le jour en 1995. Dérangeant, drôle, parfois scato. ODB signe des hymnes à l’amour non protégé (Shimmy Shimmy Ya), raconte la drogue et la violence dans les rues de Brooklyn (Brooklyn Zoo)… A l’époque, le Rolling Stone parle de ce qui pourrait bien être le vocaliste le plus original de l’histoire du rap. C’est déglingué, dirty comme le vieux bâtard. Et ça se vend, t’entends ça blanc-bec?, à 81 000 exemplaires en première semaine.

ODB s’éteint 10 ans plus tard le 13 novembre 2004. Deux jours avant de pouvoir fêter ses 35 piges. Après s’être plaint de douleurs à la poitrine, le rappeur, victime d’une crise cardiaque, rend ses dernières rimes dans un studio d’enregistrement new-yorkais. Un cocktail explosif de cocaïne et de tramadol, un antidouleur opioïde, a eu raison de son moteur.

Avec la réédition de Return to the 36 Chambers, Ol’ Dirty Bastard se fait donc aujourd’hui coffrer à titre posthume. Un disque de remixes et d’instrumentaux, un poster vintage et un portefeuille (un gros forcément) remplissent cette chouette boîte à glisser sous le sapin de tous les rappeurs.

Julien Broquet

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