Critique | Musique

Scout Niblett – It’s Up to Emma

Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

ROCK | La formidable et viscérale Scout Niblett sort avec It’s Up to Emma un disque dur, désespéré et spartiate sur la séparation. Les nerfs à vif…

Scout Niblett - It's Up to Emma

Pendant que tout le monde déroule le tapis rouge à PJ Harvey et Cat Power, tout en leur cirant les pompes et en leur léchant en prime le bout des orteils, elle trace sa route à pieds nus dans des champs de ruines, au milieu des braises et des ronces. Polly Jean s’est assagie. Chan Marshall a rencontré Cassius. Mais Scout Niblett, elle, enregistre encore et toujours des disques sous tension. Des albums arides et rêches aux batteries primales et sèches. Des chansons dépouillées qui retournent l’estomac et prennent aux tripes.

Pour les présentations, Scout est née Emma (d’où le titre de son nouvel album) Louise Niblett le 29 septembre 1973. Elle écrit et joue de la musique depuis qu’elle a neuf ans. Et son nom de scène est inspiré par la narratrice de Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur. Le roman de Harper Lee que le miracle de la traduction littéraire a également planté chez les libraires sous le nom de Quand meurt le rossignol et d’Alouette, je te plumerai. L’histoire de deux mioches élevés par leur père avocat, un type honnête et droit, dans les années 30 en Alabama au beau milieu d’une Amérique sudiste et raciste rongée par les préjugés.

Les écorchés…

Cela fait douze piges maintenant, depuis Sweet Heart Fever, que la Britannique se fraie un chemin dans la marge avec son rock spartiate, son univers écorché et ses chansons terriblement viscérales… Trois ans et demi après The Calcination of Scout Niblett, incroyable disque rugueux et dénudé marqué au fer rouge de l’électricité, la native de Stone livre le vénéneux It’s Up To Emma.

Si Gun ouvre l’affaire dans une atmosphère lourde et carnassière (« I think I’m gonna buy me a gun. A nice little silver one »), le déprimé et tumultueux Can’t Fool Me Now et My Man emmènent plutôt l’Anglaise sur les pavés d’un romantisme torturé. Là où Second Chance Dreams, Woman and Man et All Night Long permettent à Scout de repiquer des colères. It’s Up To Emma est un disque épidermique sur la séparation. La colère, justement, ou le pardon? La résistance ou l’acceptation? Niblett les chante avec une rare intensité. Secondée par Jose Medeles (The Breeders), Dan Wilson (Joggers, Street Nights), Danny Bensi, Emil Amos (Om, Holy Sons, Grails), Scout ravira les fans de PJ Harvey, de Shannon Wright et de Petra Jean Phillipson (à découvrir d’urgence si ce n’est déjà fait). A l’exception de No Scrubs, reprise plutôt dispensable du hit R&B de TLC qu’elle entonnait déjà depuis quelques années en concert et qu’elle avait sorti en face B de 45 Tours l’an dernier, It’s Up To Emma est encore une fois une belle et sombre réussite. Intense et claustrophobe. Besoin d’air.

SCOUT NIBLETT, IT’S UP TO EMMA, DISTRIBUÉ PAR DRAG CITY.

LE 06/06 AU BOTANIQUE ET LE 17/06 À LA PÉNICHE (LILLE).

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