Critique

La Guerre est déclarée

DRAME | Valérie Donzelli signe (en complicité avec Jérémie Elkaïm) un drame intimiste exaltant la vie et l’amour par-delà le combat contre la maladie d’un enfant.

Quoi de plus injuste, de plus choquant, de plus inacceptable que la maladie grave d’un enfant, et peut-être sa mort? La Guerre est déclarée s’aventure en terrain miné, dans une zone thématique semée de pièges narratifs, émotionnels, moraux. La réussite de cette oeuvre intimiste, réaliste, hautement prenante, n’en a que plus de prix. S’inspirant d’événements qui les ont personnellement touchés lorsqu’ils formaient un couple, Valérie Donzelli et Jérémie Elkaïm ont écrit ensemble un scénario que la première a ensuite mis en scène, le tandem jouant de surcroît les rôles principaux du film.

D’emblée, la question du suspense est résolue par l’apparition de l’enfant ayant grandi (1)… et guéri. Pas de chantage aux sentiments à craindre, donc, de la part d’un film qui évacue immédiatement l’artifice qu’une majorité d’autres eût employé sans vergogne.

La Guerre est déclarée sera la chronique d’un combat victorieux, âpre et déstabilisant mais débouchant sur un hymne à la vie. Une célébration de la capacité humaine à résister au malheur, à la résignation, du pouvoir aussi que possède l’amour, celui d’une mère et d’un père bien sûr, mais aussi et peut-être surtout celui d’un couple que l’épreuve subie par leur enfant n’empêche pas d’aller de l’avant, ensemble, plus forts encore sans doute qu’auparavant.

Roméo et Juliette

Nulle héroïsation à redouter pour autant, car le ton du film se veut réaliste au possible, avec sa caméra (son appareil photo, plutôt, car c’est avec pareil engin que Donzelli a tourné!) chevillée aux personnages, ses décors authentiques et ses interprètes volontiers choisis dans le quotidien (des soignants, notamment). Pas de parents exemplaires ni d’attitudes irréprochables, donc, mais tout de même un aspect « plus grand que la vie », avec déjà le choix des prénoms de Roméo et Juliette pour le couple, et d’Adam pour leur fils… Une narration en voix « off », faisant se relayer 3 narrateurs au lieu d’un seul, offre une manière de choeur à la mode antique et accentue encore cette dimension « mythique » revendiquée clairement par la réalisatrice et son co-scénariste.

Certes La Guerre est déclarée n’est pas exempt de faiblesses, ni d’une certaine complaisance par endroits. Mais ces scories sont vite emportées au loin par le courant d’énergie, le filmer vrai, la justesse humaine et l’audace dont fait preuve Valérie Donzelli. La jeune réalisatrice (La Reine des pommes) et actrice (Entre ses mains, Qui a tué Bambi?) ose ce que tant de ses collègues se refusent tristement, par frilosité. Faut-il rechercher du côté de Truffaut, ou de Cassavetes, cette liberté fuyant la convention et retrouvant l’émotion au coeur de l’intime? En tout état de cause, voici que se fait entendre une voix claire et décomplexée, et que s’offre en partage un regard qui ne l’est pas moins!

Louis Danvers

(1) IL EST JOUÉ PAR… GABRIEL ELKAÏM, LE FILS DES AUTEURS/ACTEURS DU FILM, DONT LA MALADIE A INSPIRÉ LE SCRIPT.

LA GUERRE EST DÉCLARÉE, DRAME DE VALÉRIE DONZELLI. AVEC VALÉRIE DONZELLI, JÉRÉMIE ELKAÏM, BRIGITTE SY. 1 H 40. SORTIE: 31/08. ***

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