Critique

Pacific Rim: les mondes de Charlie

Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

Entre robots géants et maxi-monstres, Charlie Hunnam assure la présence humaine dans Pacific Rim, le nouveau film de Guillermo Del Toro. Une mission dont le Son of Anarchy s’acquitte avec panache.

Gueule d'(hell’s) angel évoquant tantôt Brad Pitt, tantôt Kurt Cobain, Charlie Hunnam s’est spécialisé, à l’écran, dans les rôles borderline. Ainsi de ses compositions dans Hooligans ou Children of Men, sans même parler de Jax, le Son of Anarchy dont il arbore le blouson et le profil biker depuis cinq saisons déjà -affaire toujours en cours, d’ailleurs. Son actualité, et la raison de sa présence à Londres, lui qui a depuis quelques années déjà opté pour les cieux étatsuniens plutôt que pour les brumes d’Albion (il est originaire de Newcastle), c’est la sortie de Pacific Rim, le nouveau film de Guillermo Del Toro.

Pacific Rim: les mondes de Charlie
© DR

Entre maxi-monstres et robots géants, Hunnam s’y pose en potentiel sauveur de l’humanité, pas moins, tout en ayant, plus prosaïquement, le poids d’un blockbuster estival sur des épaules qu’il a à l’évidence solides. Soit ce qui pourrait bien constituer un tournant dans sa carrière, encore qu’il accueille la perspective avec circonspection: « Quel que soit le projet, je n’ai pas d’attentes excessives quant à sa capacité à changer la face de ma carrière. J’essaye de bien faire mon boulot, d’apprendre et de continuer à progresser. Cela étant, mon entourage évoque le fait que je pourrais désormais plus facilement tourner les films de mon choix. La question est d’apparaître viable aux yeux des studios. Depuis quelques années, j’ai des contacts directs avec des réalisateurs avec qui j’aimerais travailler. Mais lorsqu’ils veulent m’engager, ils s’entendent dire que je ne suis pas assez connu pour justifier un projet. Si ce film me permet de me retrouver sur les listes des studios en plus de celles des cinéastes, ce serait formidable. Mais je n’ai pas d’attentes fermes. »

Obsédé par Rundskop

Guillermo Del Toro, voilà un moment déjà que Charlie Hunnam figure dans ses petits papiers, et pas seulement parce que Ron Perlman, son partenaire de Sons of Anarchy, est l’acteur fétiche du réalisateur mexicain. Le comédien avait ainsi été pressenti pour un rôle dans Hellboy 2, de même que dans The Hobbit, projet qui devait toutefois changer de mains. La troisième fois serait donc la bonne, Del Toro lui proposant le rôle principal de Pacific Rim au terme d’une conversation d’une heure –« de façon ironique, la plus grande opportunité qui m’ait jamais été offerte est aussi celle pour laquelle j’ai dû le moins travailler », sourit-il, avant d’ajouter: « Plus qu’être dans ce type de film, travailler avec un metteur en scène de ce calibre est définitivement un rêve d’enfance. » Et de tresser les lauriers du réalisateur du Labyrinthe de Pan: « Il a avant tout une immense intégrité, et fait ses films avec son coeur, et non pour la fiche de paye, ou par carriérisme. J’ai le sentiment qu’il ne tourne que des films pour lesquels il ressent une véritable connexion émotionnelle. Il a en outre une approche vraiment originale de la mise en scène, avec des intérêts très particuliers qui rendent ses films si spéciaux, et une imagination fertile au service de la narration. Enfin, je n’avais jamais vu quelqu’un ayant une telle maîtrise de tous les aspects techniques de la réalisation, du maquillage aux objectifs. » Pas un luxe, assurément, face à un projet mastodonte comme Pacific Rim: il fallait un auteur au talent et à l’univers affirmés pour ne pas se laisser écraser par une machinerie aussi imposante. L’expérience s’est, du reste, révélée à ce point concluante que Hunnam retrouvera Del Toro pour Crimson Peak.

Entre-temps, l’acteur en aura fini de Sons of Anarchy dont il tourne la sixième et avant-dernière saison. « Je redoute le moment où ce sera terminé, observe-t-il, évoquant la difficulté éprouvée par son ami Ryan Hurst à faire le deuil de son personnage, Opie. Mais aussi le lien privilégié l’unissant à Jax, parlant d’infusion mutuelle. « C’est comme s’il avait donné vie à quelque chose qui était tapi en moi depuis longtemps », écho à sa jeunesse dans un environnement dur -son père était « un roi du monde de la ferraille »-, et à la tournure sensiblement moins glamour qu’aurait pu prendre son existence. Non qu’il ait le temps de gamberger, qui annonce une multitude de projets, au rang desquels son passage à la réalisation: « Une histoire située parmi les Travellers, en Grande-Bretagne, me trotte en tête. Je rêve de pouvoir en faire un film à tout petit budget. » Et de citer, en guise de référence, Bullhead, de Michaël Roskam: « Ce film m’a obsédé ces derniers temps. Matthias Schoenaerts est un acteur incroyable… »

PACIFIC RIM

S’ouvrant sur la vision soufflante de la destruction de San Francisco, Pacific Rim se déploie dans un futur guère éloigné aux contours d’apocalypse. Monstrueuses créatures sorties des flots, les Kaijus poursuivent leur entreprise de dévastation sans guère rencontrer de résistance, en effet. Jusqu’aux Jaegers, des robots géants contrôlés par deux pilotes et conçus pour les combattre, qui semblent voués au rebut et la planète avec eux. A charge toute-fois pour un vétéran à la tête brûlée (Charlie Hunnam) et une débutante (Rinko Kikuchi) de tenter d’empêcher l’inéluctable.

Super monstres contre super robots, voilà un film qui ne fait certes pas dans la dentelle. Au-delà de l’accomplissement technique, impressionnant, Guillermo Del Toro réussit toutefois à imprimer sa griffe à ce spectaculaire choc des titans (on songe forcément à Godzilla vs Transformers), allant même jusqu’à trouver la grâce le temps d’un flash-back tokyoïte saisissant, tout en ponctuant ce divertissement martial de respirations bienvenues. Dans la guerre annoncée des blockbusters de l’été, Pacific Rim présente assurément de solides arguments…

DE GUILLERMO DEL TORO. AVEC CHARLIE HUNNAM, IDRIS ELBA, RINKO KIKUCHI. 2 H 10. SORTIE: 17/07.

J.F. PL.

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