Connectic’Arts, l’art version 2.0

Un parcours d’artistes version numérique s’est installé à Saint-Gilles jusqu’au 17 juin. Connectic’Arts #1 est une première dans la commune et s’inscrit dans le cadre du festival Transnumériques #4.

Une expo d’arts numériques, ça peut sembler conceptuel. Il y a des mètres et des mètres de câbles qui jonchent le sol, des projecteurs, des baffles desquels s’échappent des sons étranges, des écrans sur lesquels apparaissent des images bizarres. Et pourtant, Connectic’Arts #1, c’est loin d’être réservé à un public élitiste. Pour Philippe Franck, directeur de Transcultures, « l’événement a été créé pour lutter contre la fracture numérique. On n’est pas là pour rejeter le public, mais bien pour le relever. »

Différents espaces se sont ouverts à ces artistes d’un genre nouveau. La volonté de Transcultures, et de Carlo Luyckx, échevin de la culture de Saint-Gilles, était de « connecter différents lieux de la commune par des projets culturels et artistiques qui font appel aux technologies numériques, et amènent ainsi des choses nouvelles au public. »
Un mur des lamentations hi-tech qui reprend des photos, vidéos ou tweets de la veille twitter @revolution_info, un homme-robot idéal fabriqué sur base d’un mode d’emploi de jouet pour enfant, des vêtements sonores, des buddies (la face humaine de la technologie). A leur façon, les différents artistes du Connectic’Arts s’interrogent tous sur la place de plus en plus grande qu’occupent les technologies dans notre quotidien.

Et si cet art peut paraître totalement abstrait, ténébreux ou insensé, il ne faut pas hésiter une seconde à s’arrêter quelques instants pour discuter avec les artistes. Tous ont des choses intéressantes à partager, et ils sont prêts à vous initier à cette nouvelle forme d’art multimédia. Pour Philippe Franck, « il faut que le public s’empare des technologies, non seulement dans son quotidien, mais aussi dans son imaginaire. » Natalia de Mello, une des artistes exposées à la Maison des Cultures, explique que si son art parle, « c’est parce qu’il montre notre quotidien. On se reconnaît là-dedans. » Pour Bob Vanderbob, alias Bobvan, « chaque artiste doit faire des choix. Moi, j’essaie de faire vibrer le réel avec des métaphores, de poétiser notre quotidien. » D’autres artistes, comme Jacques Urbanska, utilisent l’art pour sensibiliser le public à d’autres réalités. « J’ai lancé des veilles numériques sur Fukushima, sur les révolutions, etc. Mais les gens ne veulent pas réaliser que tout ça arrive aujourd’hui, et près de chez eux parfois. Si mon art peut réveiller les gens, tant mieux. »

La ville à la merci du numérique

Le parcours est ancré au coeur de la ville, à tel point que certains artistes ont également investi l’espace public. C’est le cas du collectif Impala Utopia. Ces artistes sillonnent les rues de Saint-Gilles pour trouver un endroit où installer leur minuscule camionnette, semblable à celles que l’on peut croiser dans les villages italiens. Libres de s’installer où ils veulent, tant qu’il y a de l’électricité, les Impala trimballent sur leur petite camionnette tout un attirail sonore. « Mais ce projet n’en est qu’un parmi d’autres, explique Colin, membre du collectif. Ce triporteur, ça a un côté ludique, mais ce n’est qu’une sorte d’accroche visuelle de notre travail. »

Dans les rues, il y a aussi Saint-Gilles, commune propre, une sorte de jeu de piste entre la Barrière et le Parvis de Saint-Gilles. Théodore Boermans, étudiant à l’ENSAV La Cambre, a supprimé toutes les publicités des rues. Enfin, virtuellement. Cinq QR-Codes collés dans les rues renvoient à des photos de ces endroits où toute publicité est gommée. « Il n’y a rien qui me crispe plus que toute cette pub. Au début, on ne remarque pas que ça manque. Et pourtant, sur chaque cliché, j’en ai supprimé à peu près 200. Je les ai d’ailleurs remplacées par des carrés roses sur une des photos, pour que le public se rende compte de cette présence. »

Un art pas assez présent

Dès sa première édition, Connectic’Arts veut se montrer « à la fois professionnelle et professionalisante« . Pour Transcultures, il était essentiel d’ouvrir certains de ces lieux aux étudiants de différentes écoles d’art. « Il y a un grand manque de scènes ouvertes aux cultures numériques actuellement. Espérons que ce genre de manifestation permette que ça se popularise. En attendant que ce soit le cas, il est essentiel qu’on laisse à ces artistes de la place pour s’exprimer. » On peut par exemple s’amuser sur le programme de deux élèves de l’ENSAV La Cambre qui permet de dessiner en 3D sans papier ni crayon. Ou pour les plus geeks d’entre nous, il est aussi possible de découvrir les jeux en ligne et en 8-bit réalisés par des étudiants de l’ESA Saint-Luc (Bruxelles et Tournai).

Julie Duthy (stg.)

Connectic’Arts se déroule jusqu’au 17 juin dans différents espaces de Saint-Gilles (Maison des Cultures, Maison Pelgrims, Centre Culturel Jacques Frank, etc.). Plus d’infos ici. Ce festival est organisé dans le cadre des Transnumériques.

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