Critique | Livres

Chronique livre: David Fauquemberg – Manuel El Negro

Marie-Danielle Racourt
Marie-Danielle Racourt Journaliste livres

ROMAN | Manuel était un être singulier dont le chant vous livrait l’homme. Mais Manuel, chanteur de flamenco, est aussi un Gitan exacerbé et instable.

Chronique livre: David Fauquemberg - Manuel El Negro

Le narrateur, son guitariste, l’accompagne, un « tocaor qui sait faire sortir ce qui doit. » Alors consciencieusement, parce qu’il est son ami, Melchior va suivre les dérives de ce « cantaor » fascinant. Le suivre jusqu’à la limite du supportable car Manuel est imprévisible, capable des pires débauches, trompant, menteur, cupide mais toujours prêt à vous faire vibrer l’âme, car le Gitan a le flamenco dans le sang. Et c’est dans les nuits andalouses d’abord, puis à New York et Tokyo, que les deux vagamundos ensorcèlent les peuples de leur musique manouche. Mais si l’un est sage, trop sage, l’autre est épris d’une sauvagerie indomptable, ce qui fait à la fois sa renommée et sa perte. Les deux amis se séparent car pour Melchior, dix ans de tournées font perdre ses racines. L’un accepte de se plier à ce que le public demande, l’autre vit pour le vibrato des anciens, un jeu « court qui vous transmet une émotion condensée en quelques accords ». David Fauquemberg signe ici un roman sublime sur l’âme du flamenco, ses sonorités lancinantes, la douleur viscérale, la fêlure qui vous pince le coeur. On n’a plus qu’une envie: se laisser mener par Paco de Lucia et lire et relire les passages exaltés de cette superbe langue « flamencane ».

  • DE DAVID FAUQUEMBERG, ÉDITIONS FAYARD, 364 PAGES.

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