Critique

Silver Linings Playbook (Happiness Therapy)

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Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

COMÉDIE DRAMATIQUE | Autour de deux êtres livrés à leur névrose, David O. Russell signe une comédie finaude. Avec Jennifer Lawrence et Bradley Cooper, irrésistibles.

COMÉDIE DRAMATIQUE DE DAVID O. RUSSELL. AVEC BRADLEY COOPER, JENNIFER LAWRENCE, ROBERT DE NIRO. 2H02. SORTIE: 27/02. ****

Au sortir d’un séjour en institution psychiatrique consécutif à un solide pétage de plombs, Pat Solitano (Bradley Cooper) est un homme transformé. Et pas seulement parce qu’il a tout perdu dans l’aventure: femme, maison et travail, mais surtout parce que le gaillard, souffrant de troubles bipolaires, a décidé de positiver quoi qu’il advienne, au besoin jusqu’à l’aveuglement. Aussi, à peine réinstallé, contraint, chez ses parents -Dolorès, sa crème de mère (Jacki Weaver) et Pat Sr (Robert De Niro), un parieur sportif obsessionnel, pas même au courant de son retour-, n’a-t-il qu’une idée en tête, renouer avec Nikki (Brea Bee), son ex-moitié, ni l’interdit légal, ni les avertissements de son entourage ne semblant pouvoir avoir raison de sa détermination. Et Pat d’évoluer dans une bulle au bord de l’implosion, maniaco-dépressif accroché à sa fixation sentimentale et son désir maladif de bonheur, moment où le destin place sur sa route Tiffany (Jennifer Lawrence). La jeune femme vient de perdre son mari, tragédie qu’elle lui raconte avoir tout naturellement tenté de surmonter en s’envoyant méthodiquement l’ensemble du personnel de son bureau; de quoi, en tout état de cause, déstabiliser quelque peu Pat dans sa marotte exclusive. Leurs fêlures mêmes les rapprochent; on en resterait toutefois vraisemblablement là si, dans la foulée, la déconcertante Tiffany ne lui proposait un marché pour renouer avec Nikki…

Comédie de quartier universelle

Ce canevas posé, Silver Linings Playbook pourrait s’en tenir à un schéma lambda de comédie romantique. Et il y a certes de cela dans le film de David O. Russell (Three Kings, The Fighter), qui s’aventure par moments en terrain convenu, sans que l’on y trouve cependant grand-chose à redire. C’est qu’entre-temps, le chemin parcouru n’aura certes pas manqué de piquant, et encore moins de densité. Livrés à leur névrose et à leur vulnérabilité dans un environnement guère moins faillible, Pat et Tiffany nous parlent à la première personne; partant, leur histoire, qui croque la réalité américaine contemporaine, déborde bientôt de son quartier philadelphien pour trouver une résonance universelle.

L’équilibre entre drame et comédie qui y préside est assurément l’une des clés de la réussite de l’entreprise. Une autre tient dans la justesse des émotions que dispense ce film. L’interprétation de Bradley Cooper et Jennifer Lawrence n’y est pas étrangère, les deux acteurs se révélant tout bonnement irrésistibles, crédibles dans les moindres variations de leurs personnages. Mieux même, et signe qu’il y a peut-être lieu de croire aux miracles en effet, Robert De Niro redevient, devant la caméra de David O. Russell, le formidable comédien qu’il fut dans une vie antérieure. Ce n’est certes pas le moindre mérite du réalisateur, qui signe là un bonheur de comédie; un film finaud qui, conforme à son agenda, se révèle tout simplement euphorisant. Sans être dupe pour autant.

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