Francofolies de Spa 2011: Johan Verminnen et The Tellers

© Frédéric Pauwels

Francos, terre de contraste puisqu’à 300 m du salon cosy où Verminnen mouille sa tristesse, The Tellers occupent la Scène Proximus du Parc devant un parterre plutôt jeune et anglophile.

« Paul Louka, c’est moche, meurt en même temps qu’Amy Winehouse » entend t’on alors que la pluie rince la quatrième journée des Francos. Oui, le barde belge aux yeux pochés, un moment adoubé par Brel, prend la porte de sortie définitive quasi en même temps que la crooneuse anglaise. Le premier allait avoir 75 ans, la seconde pointe à 27, entrant ainsi dans le cercle fermé des dézingués prématurés (Cobain, Hendrix, Joplin, Morrisson, Brian Jones). Aucun point commun entre l’interprète de Marcinelle et celle de Rehab (…), si ce n’est que ni l’un ni l’autre ne confimeront leur première partie de carrière et auront doute la propension à brûler les deux bouts de la chandelle. De diverses manières. La transgression des vies monotones, Johan Verminnen la porte sur sa gueule, bout de Flandres ayant vécu, plus proche de Kevin Coyne que d’Helmut Lotti. Au Salon Bleu du Casino, entre un plafond célébrant les anges et des publicités aux couleurs vulgaires, le chanteur de Wemmel (1951) se produit aux Francos, à l’instant, ému par la mort de son ami Louka. Il en recharge ses batteries émotives, reprenant une vieille ritournelle de Charles Trénet et rendant même aux Feuilles mortes de Prévert et de Kosmal, un lustre actuel de chanson lucide. Verminnen, en flamand (un peu), en français (beaucoup), est la preuve que la langue de Brel traverse les générations comme les frontières, ici même, avec le sceau d’une incertaine belgitude. Bien que marginale dans le cadre des Francos, la présence de Verminnen est le signe que les portes de Spa s’ouvrent aussi vers le Nord.

Francos, terre de contraste puisqu’à 300 m du salon cosy où Verminnen mouille sa tristesse, The Tellers occupent la Scène Proximus du Parc devant un parterre plutôt jeune et anglophile. Pas mal de filles, teenage ou presque, réagissent sur le champ aux morceaux du groupe brabançon, qui a pris un peu de poids mais cela lui va bien. Ses teintes d’origine -une pop mâle héritée des Babyshambles et louchant vers de lointaines accointances Simon & Garfunkel- a aussi pris un coup de féminité tactile avec la présence de la multi-instrumentiste Aurélie. Tout cela roule des pelles aux vieux fantasmes d’une popinette propre pour monter en graine de la plus délicieuse des façons. Ben, le chanteur-frontman n’en perd pas une, présentant obligeamment ses collègues du groupe, dont le (jeune et joli) guitariste « venu de Flandres« .

Applaudissements belges dans l’assistance. En se ramenant au Radisson, quartier général de la presse et des potins, on croise Marka qui se produira ce dimanche en fin d’après-midi avec une toute spéciale guest. Vintage si on ose dire: Sarah, la chanteuse d’Allez Allez, le groupe historique que Marka forma il y a trente ans (…) avec une bande de bruxellois dont certains iront pondre les Snuls. Les Francos, c’est aussi des petites routes de traverse que les initiés d’un moment, empruntent. Ou pas. Du coup on rate certaines visées préalables, comme les Montevideo et autres Vismets dont on se demandait comment ils dépatouilleraient leur rock ucclois (on rigole) en pays ardennais. Pour le coup, on n’en saura rien, quittant une nouvelle fois le parc alors que Grand Corps Malade soutient son slam méticuleux qui donne soif…Et la pluie ne suffit pas à mouiller durablement l’arrière-gorge.

Philippe Cornet

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