Dour 2011: la madeleine de Pulp

Vendredi, retour flamboyant du groupe de Jarvis Cocker sur la scène de Dour.

C’était l’un des tout gros événements du Dour 2011: Pulp de passage, pour l’une des quelques rares dates de sa tournée de reformation. Le parfum de la nostalgie est le dernier moteur de la pop, et il n’y avait pas de raison que le groupe de Jarvis Cocker y échappe (après ses autres camarades de la glorieuse époque Britpop, comme Blur ou Suede, ces derniers programmés ce samedi sur la plaine de la Machine à feu).

Un tonitruant Do You Remember The First Time ouvre donc logiquement le programme sur le coup de 22h45. Jarvis : « Vous vous rappelez? La première fois que nous avons joué ici? C’était le 10 juillet 1994. Vous n’étiez même pas nés… » Et d’ajouter : « On ne vit pas dans le passé. C’est impossible. » Avant de balancer, goguenard, un Pink Glove datant de la même année, 1994. Farceur, va. Pulp a toujours manoeuvré entre la pop épique et le sourcil ironique et désabusé. Cocker est le roi pour ça, combinant flamboyance et flegme détaché. Il en fait surtout des tonnes, multipliant les poses, se tortillant comme jamais, maniéré à souhait. Après deux titres, il grimpe d’ailleurs sur les colonnes de baffles et chante à genoux. C’est clair: Pulp ne revient pas sur le bout des pieds. Les Anglais ont décidé d’y aller franco, sans chichis. Ce qui ne veut pas dire en ligne droite. Le concert a commencé depuis une demi-heure à peine que le tube Disco 2000 est déjà dégainé, suivi de Sorted For E’s & Wizz. C’est pour mieux se lancer dans un diptyque tendu, pas forcément évident, en enchaînant F.E.E.L.I.N.G.C.AL.L.E.D.L.O.VE. et I Spy. Le passage parano en a laissé quelques-uns à quai. Babies ou Underwear (« joué ici pour la première fois« ) sont là pour les ramener tout doucement avant le final. This Is Hardcore, puis Sunrise, seul morceau issu du dernier album du groupe (2001), et Cocker et ses compères s’apprêtent à quitter la scène : « Euh, on a rien oublié? » Si, forcément. L’hymne prolo Common People pour grand feu d’artifice final. « Règle n°1: ne faites jamais confiance à un groupe pop. Règle n°2: jouez toujours la chanson que les gens réclament en dernier. » Ce grand échalas de Jarvis Cocker a évidemment raison. Common People fait des étincelles.

Au final, le retour de Pulp fut gagnant. Pas ridicule pour un sou. Peut-être aussi parce qu’il s’est assumé comme tel: une reformation, sans forcément beaucoup d’avenir pour l’instant, d’un groupe lié à une autre époque. A cet égard, Pulp a eu un peu de mal à rameuter la toute grande foule. Quand, une heure plus tard, au même endroit, sur la scène principale, Vitalic, tout seul derrière ses machines, faisait danser la plaine entière. Something Changed, comme dirait l’autre.

L.H.

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