Critique

Inquisitio

© Morell Jacques/FTV

La France a enfin ses Borgia, ses Tudor, ses Piliers de la terre -sa grande série historique épique en costumes. Inquisitio a bénéficié d’un budget pharaonique, 10 millions d’euros pour huit épisodes (en témoigne sa reconstitution d’époque chiadée), et renoue avec la tradition de la saga de l’été.

INQUISITIO, UNE SÉRIE FRANCE 2, CRÉÉE PAR NICOLAS CUCHE ET LIONEL PASQUIER. AVEC AURÉLIEN WIIK, ANNELISE HESME, VLADISLAV GALARD.
Dès ce mercredi 4 juillet à 20h35 sur France 2.

A la barre, un réalisateur rodé aux séries franchouillardes (Joséphine, ange gardien) et aux films d’avion (La Chance de ma vie), Nicolas Cuche. Un maître d’oeuvre omnipotent puisqu’il a également cocréé la série, coécrit ses dialogues et son scénario. Il signe ici un divertissement un peu bas du front, démonstratif, cousu de fil blanc, maladroitement joué, qui ne parvient pas à s’élever au niveau de ceux qui l’ont précédé dans le genre…, mais terriblement efficace.

Un plaisir coupable, de ceux qu’on s’enfile à la chaîne même si l’on sait qu’on n’en tirera aucune substantifique moelle culturelle, aucune connaissance supplémentaire, rien de très consistant à se mettre sous la dent -Cuche multiplie consciemment les anachronismes et les incohérences. Du délassement et puis c’est tout, à travers une histoire très ample et à la fois très simple.

Celle de Guillaume, un petit garçon jaloux et tourmenté, qui se met au service de Dieu après la mort de sa famille, décimée par la peste. La France est infestée par la mort noire, considérée par la population comme une punition divine. L’époque compte deux papes, Clément VII à Avignon et Urbain VI à Rome, qui se disputent la tête de l’Eglise. L’un des deux est forcément diabolique, croit-on, mais lequel? Quelques années plus tard, une série de meurtres satanistes de curés à Carpentras tend à démontrer que Clément VII est le mauvais, l’incarnation du malin. Cherchant à infirmer ces soupçons, l’antipape fait appel à Guillaume, devenu grand inquisiteur. Le garçonnet pécheur d’hier est aujourd’hui un homme austère et cruel, qui n’hésite pas à soumettre à « la question » (traduction: la torture) ceux qu’il croit impliqués dans quelque forfait catholiquement discutable.

Il persécutera ainsi un jeune homme juif, auquel il apprendra qu’il est irrémédiablement lié. Tous les clichés du thriller médiéval sulfureux sont ici convoqués: sorcière sensuelle, pucelle perverse, profusion de poitrines dénudées, nain brigand, mystique de la culpabilité, magie noire…

La recette est éculée, son application attendue. Mais le cocktail se révèle… diablement addictif.

Myriam Leroy

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