Critique | Musique

Rapattitude: back to the days…

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COMPILATION | Une anthologie résume en trois CD les débuts du rap français. Un retour nostalgique mais bienvenu sur l’âge d’or du hip hop hexagonal.

RAPATTITUDE, DISTRIBUÉ PAR EMI. DISPONIBLE EN BELGIQUE SUR COMMANDE, SUR LE SITE DE LA FNAC. ****

Le rap français, morne plaine… A y jeter un coup d’oeil vite fait, il est bien difficile aujourd’hui de trouver dans le hip hop français énormément de raisons de s’enthousiasmer. Le paysage est évidemment plus varié et nuancé que ça. Mais, grosso modo, à côté de la valeur sûre Oxmo Puccino, des enragés de la Rumeur ou même des fulgurances bling bling de Booba, il faut bien avouer que le rap français semble souvent tourner en rond, bloqué sur le format Skyrock.

Au risque de passer pour définitivement ronchon, l’impression ne peut qu’être renforcée à l’écoute des trois CD de Rapattitude. Plus de 20 ans après une première édition, l’enseigne est de retour. A l’époque, la compilation marquait officiellement la naissance du rap français. Aujourd’hui, elle sonne plutôt comme le résumé d’un âge d’or. A tout jamais disparu?…

Reloaded

La compilation originelle sort en mai 90. A l’époque, Benny B cartonne dans le Top 50 avec le guignolesque Mais vous êtes fous. Mais il est belge. Via Delabel, la maison de disques Virgin sort alors Rapattitude, collection de titres 100% made in France. Au générique du CD, des figures tutélaires comme Dee Nasty (en 84, déjà, il sort l’autoproduit Paname City Rappin’), mais aussi et surtout des jeunes rappeurs inconnus, n’ayant pour la plupart jamais sorti un seul single. Au générique, on retrouve par exemple Tonton David, Assassin ou ceux qui se font encore appeler le Suprême NTM. En 92, un 2e volet enfoncera le clou en présentant notamment un titre des Marseillais d’IAM…

Vingt ans plus tard, Rapattitude est « reloaded » pour la bonne cause. Déployé sur trois CD, il n’enfile quasi que des classiques du rap français. Le listing est réellement impressionnant, quasi sans faute: Plus vite que les balles du Ministère Amer, Belsunce Breakdown de Bouga, J’pète les plombs de Disiz la Peste, Sérieux dans nos affaires d’Assassin, On s’habitue de Rocé, ou encore des perles des Sages poètes de la rue, de la Cliqua… Sans surprise, NTM et surtout IAM, les deux groupes phares du mouvement, se taillent la part du lion: dans le désordre, Le monde de demain, Seine Saint-Denis Style pour les premiers; Petit frère, le Mia, Planète Mars, pour les seconds, encore représentés par des titres solos d’Akhenaton et Shurik’n. Le tout est emballé dans un coffret qu’accompagne un ouvrage de 80 pages, au format 30×30, signé par l’inévitable Olivier Cachin, alias monsieur Rapline, auteur des 100 albums essentiels du rap.

Au final, la sélection comporte forcément bien quelques lacunes: on ne résume pas 20 ans d’un genre impunément. L’alignement de classiques (on y retrouve même le Respect d’Alliance Ethnik) se fait aussi parfois au prix de titres moins évidents mais plus forts. Mais soit. L’impression est tout de même là, insistante: hormis la nostalgie de rigueur, le rap français a bien connu une époque bénie -dont s’inspirent d’ailleurs de plus en plus de jeunes groupes (l’exemple 1995). Vieux con? On plaide coupable…

Laurent Hoebrechts

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