Sans ailes et sans racines, ou dialogue de sourds

« Sans ailes et sans racines » met en scène une dispute entre un père et son fils qui ne font pas les mêmes choix de vie. Hamadi est un exilé qui a trouvé le bonheur dans le pays qui lui a ouvert les bras. Son fils, Soufian, y est né, mais ne s’y sent pas citoyen. Hier sur les planches de Wolubilis, la discussion battait son plein.

« Sans ailes et sans racines » c’est le combat d’un père qui tente de retrouver le fils qu’il a élevé et auquel il a tenté d’inculquer des valeurs de démocratie, de respects et d’amour de la différence des autres. Mais c’est également le combat d’un fils qui tente de faire accepter à son père ses valeurs, ses propres choix de liberté et de religion. Cette pièce est au coeur des préoccupations actuelles. On assiste à une dispute entre un père et son fils qui ne font pas les mêmes choix de vie.

« La seule famille qui me grandit, c’est celle que j’ai choisie »

Exilé en Belgique lorsqu’il avait 7 ans, Hamadi aime la pays qui l’a accueilli. Il aime cette chance qui lui est offerte de choisir son destin, sa religion, ses opinions politiques, ses passions… et c’est cela qu’il est fière d’offrir à son fils et qu’il a tenté de lui inculquer: le choix d’avoir le choix.

Soufian, lui, est né en Belgique, mais ne se sent pas chez lui. Il rêve d’un pays où l’on ne le regarde pas parce qu’il est bronzé ou qu’il parle en arabe. Il rêve de pouvoir détester ouvertement l’occident et l’univers de son père. Il hurle un mépris cinglant pour cette sois disant liberté que son père veut qu’il adopte. Alors que lui n’aspire qu’à une forme stricte de traditionalisme: être un bon musulman, se marier avec une bonne musulmane, qui se doit d’obéir à son dieu et son mari et être avec ses frères dans la foi.

« Je ne sais pas quand j’ai perdu le contact avec lui »

Un père moderne et un fils rétrograde s’affrontent dans une joute verbale acerbe et rythmée dans une discussion que l’on sait stérile vu que les deux protagonistes sont diamétralement opposés. L’amour qu’ils se portent l’un l’autre ne sera pas capable de les réunir. Ils ne trouveront jamais un terrain d’entente, une terre neutre. C’est une guerre sans fin, ou presque…

La mise en scène est sobre. Le père en noir, son fils en blanc, ils prennent place chacun d’un coté de la scène sur un tabouret. Entre les actes, ils se déplacent dans un silence religieux sur un échiquier lumineux. Se rapprochant et s’éloignant au gré de leurs discussions. Lorsque le ton monte, les tabourets se transforment en défouloir. Le public rit parfois de la différence entre Hamadi et Soufian, mais le message est clair: sans un peu de compréhension de chacun, la fin est inévitable.

Marie Devroede (stg)

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