Afrique, 50 ans de musique (50 ans d’indépendance)

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Cinquante ans d’indépendances africaines, ça se fête! Par exemple avec un coffret monumental balayant plus d’un demi-siècle de musiques. Magistral.

Comment résumer 50 ans de musique africaine? Comme l’explique Manu Dibango dans le livret qui accompagne le coffret, « rien que chez moi, au Cameroun, avec 80 ethnies et 200 dialectes, tu imagines bien qu’on ne peut parler de musique camerounaise au singulier. Il y a des milliers de musiques africaines ».

Pour autant, le travail effectué pour le box Afrique, 50 ans de musique est tout sauf anodin. Son étendue, sa sélection, la passion avec laquelle il a visiblement été conçu, font de sa sortie un véritable événement. Accompagné d’un livret de 80 pages (français-anglais, rédigé par des journalistes du Monde, de RFI, Libé…), l’objet est constitué de quelque 18 CD. Soit près de 200 chansons, pour plus de 16 heures de musique (vendues autour des 60 euros). Une véritable cathédrale, un baobab dont les branches couvrent un spectre ébouriffant de sons, d’ambiances, de couleurs…

Concrètement, le coffret est divisé en six régions: Afrique du Nord, de l’Ouest, de l’Est, centrale, australe et lusophone pour les anciennes colonies portugaises (Cap-Vert, Angola…). Le point de départ reste les indépendances de 1960, année qui a vu plus d’une quinzaine d’Etats africains s’affranchir définitivement de leur puissance coloniale. Le repère est néanmoins symbolique. Un certain nombre de titres datent d’ailleurs d’avant 1960, comme le Ghanili Chweyi d’Oum Kalsoum, l’un des enregistrements les plus fameux de la diva égyptienne, daté de 1944. Par ailleurs, à se tenir de trop près à la thématique des indépendances, il aurait fallu également se passer de la contribution de l’Ethiopie, occupée mais jamais colonisée. Mais comment envisager 50 ans de musique africaine sans citer les bouffées de vapeur ethio-jazz de Mahmoud Ahmed ou de Mulatu Astatke, aujourd’hui plus tendance que jamais?

Hits et légendes

Par la force des choses, le coffret brasse large, à en donner le tournis. Bien sûr, l’un ou l’autre artiste important manque à l’appel: outre une exhaustivité utopique, il a fallu composer et négocier avec une multitude de labels différents. N’empêche, la liste est impressionnante et significative. De l’immense Fela à l’hymne Indépendance ChaCha de Grand Kalle, du blues malien d’Ali Farka Touré au chaâbi de Dahmane El Harrachi, de Myriam Makeba à Cesaria Evora… Des classiques donc, mais qui n’empêchent pas le coffret, ni de piocher dans des territoires moins connus, ni à l’inverse de citer des hits qui ont pu aussi à leur manière marquer ces 50 ans: Yeke Yeke de Mory Kante, 1er Gaou de Magic System…

Dans ce numéro d’équilibriste, la compilation ne se contente d’ailleurs pas de se braquer sur le passé: elle cite à chaque fois des projets plus récents, comme le rappeur sud-africain Tumi & the Volume, le projet The Very Best ou encore les Congolais du Staff Benda Bilili.

En fait, l’Afrique n’a peut-être jamais autant marqué la sono mondiale: que ce soit via les compilations vintage (la série Ethiopiques, la collection afrobeat du label Soundway…) ou son empreinte sur l’électronique (M.I.A.) ou le rock (Vampire Weekend). Cela ne rend le présent coffret que plus indispensable, panorama assez vaste que pour contenter les amateurs et attirer les curieux.

Afrique, 50 ans de musique (50 ans d’indépendance), distribué par Discograph/Pias.

Laurent Hoebrechts

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