Myriam Leroy

226′ pour vivre

Myriam Leroy Journaliste, chroniqueuse, écrivain

La consommation de télévision se porte extrêmement bien. Les pronostics des observateurs se sont une fois de plus révélés faux à ce sujet.

La chronique de Myriam Leroy

Hé bé (suivi d’un soupir légèrement consterné). Qui l’eût cru? La télé se porte comme un charme, l’Internet ne fut pas son violent fossoyeur comme on l’a longtemps prédit, même ici, dans ces colonnes. L’auteure de ces lignes a effectivement tendance à prendre ses rêves pour des réalités. Ainsi, quand elle écrivait que l’émission Avant-Premières d’Elisabeth Tchoungui allait être le hit de la rentrée -avec ses chroniqueurs de haute volée et sa programmation en phase avec la hype-, elle ne s’attendait pas à ce que le magazine si fébrilement attendu score dans les 200.000 téléspectateurs en moyenne, soit à peine plus qu’un spectacle de Richard Ruben sur RTL TVI (et son auditorat potentiel 15 fois plus restreint).

Une autre fois, elle a dit que Docteur House était soporifique, et a constaté que les téléspectateurs avaient beaucoup moins sommeil qu’elle. Quand elle n’aime pas, les chiffres lui infligent toujours de sérieux revers, et quand elle porte aux nues, le public ne suit pas.

Dans le même ordre d’idées, elle imaginait donc dans quelque édition précédente de Focus qu’un heureux darwinisme allait s’opérer autour de la télévision.

Que l’écran d’ordinateur allait voler la vedette à la télé, que la vision en différé et à la demande allait prendre le pas sur le direct, et que le téléspectateur allait se poser davantage de questions sur sa consommation cathodique, choisir les programmes qu’il regarde plutôt que les subir en flux continu…

Sua culpa, elle avait tout faux, et ne vous en voudra pas si vous ne lui accordez à l’avenir plus le moindre crédit.

Amélie et Senna

Donc en fait, ce qui se passe, c’est que, s’inscrivant dans une tendance mondiale, le Belge francophone a davantage de postes de télévision, de plus en plus de camarades qui les regardent, et ce, durant de plus en plus longtemps. Et qu’il s’en fiche pas mal de pouvoir s’abreuver d’images en différé ou à la demande, que seul le direct compte à ses yeux.

C’est la régie d’RTL qui l’annonce, via ses Key Facts, son rapport annuel sur le petit écran, une étude d’autant plus joyeusement mise en avant par le groupe international (41 chaînes de télévision et 34 stations de radio dans 10 pays) qu’elle démontre son insolente santé.

A retenir de cette brique de statistiques relatives aux équipements audiovisuels, aux audiences, aux comportements de vision des téléspectateurs et aux investissements publicitaires, un chiffre: 226. Le nombre de minutes par jour que notre ami du sud du pays passe à jouer les patates de canapés. Trois heures et 46 minutes. Moins que le Serbe, qui explose les records avec 316 minutes de téloche quotidienne, mais solidement plus que le Suisse germanophone, qui s’enfile quand même 2 heures et 23 minutes de programmes tous les jours.

226 minutes, donc, durant lesquelles son cerveau s’ankylose devant des joyeusetés du type Secret Story. Le mariage d’Amélie et Senna ayant d’ailleurs été presque autant recherché sur Google par nos internautes que la mort de Michael Jackson, en juin 2009. Hé bé.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content