Critique | Musique

BJ Scott – Collection

ROCK | Devenue populaire via The Voice, Beverly Jo Scott bénéficie d’une compilation de 34 titres à dominante bluesy. Alors on se retourne ou pas?

BEVERLY JO SCOTT, COLLECTION, DISTRIBUÉ PAR AMG. ***
EN CONCERT UN PEU PARTOUT EN BELGIQUE. WWW.BJSCOTT.COM

Dans The Voice Belgique, BJ Scott a d’emblée acquis le rôle de chanteuse majeure, celle dont la réputation vocale dissipe les autres. Alors, effectivement, on constate que la concurrence -Quentin Mosimann, vainqueur de la Star Academy 7, Joshua et Lio- ne compte aucun « grand interprète » au sens précisément où Scott se positionne depuis son arrivée en Belgique au début des années 80. Y prolongeant la culture roots de son Alabama natal, avec tout ce que cela comporte comme fantasmes liés aux musiques nées dans le giron du Mississippi -drame, souffrance, authenticité, pathos, blues. D’abord comme choriste (Arno, Higelin) puis en compagnie de deux « sistas » pour un trio au patronyme inspiré de Billie Holiday (Ladies Sing The Blues), avant d’entamer une carrière solo via un premier album paru en 1991 (Honey And Hurricanes). La compilation actuelle ponctionne les huit albums studio et live parus jusqu’au Planet Janis de 2010, disque où elle rend précisément hommage à sa principale inspiration, Joplin et son chant tout en tripes émotionnelles et combustion de larynx éraillé. Ce inclus la participation du guitariste Paul Personne et, comme second extrait sélectionné ici, la reprise du tube countryisant Me & Bobby McGee, écrit par Kris Kristofferson. La voix de BJ Scott y épouse la qualité inhérente de la chanson sans performer au-delà. Et c’est réussi.

Fabuleux guitariste

Alors pourquoi BJ Scott n’est-elle pas devenue une chanteuse populaire à la Maurane? Peut-être parce que son point vulnérable est un répertoire manquant de repères catchy. Quand elle reprend Joplin/Kristofferson ou livre une géniale version du C’est extra de Ferré, on est bluffé par sa façon de démultiplier la puissance d’une mélodie par le charisme de l’interprétation. Mais au fil de cette trentaine de plages, on se dit aussi que BJ manque de moments emblématiques/tubes radios, nécessaires pour doper carrière et succès commercial. Surtout dans ce domaine entre rock-blues organique et pop, et ce même si dans ses propres lenteurs (Tennessee Tears, Magalie), elle marque un point. BJ a creusé son propre circuit, principalement le live en Belgique et en France. On imagine que c’est pour séduire le marché hexagonal -plus lucratif en termes de concerts que le confetti bruxello-wallon- qu’elle enregistre en 2008 Dix vagues, album intégralement dans la langue de Quentin Mosimann. Démarche un rien vaine puisque c’est dans l’américanisme qu’elle tisse -logiquement- ses liens les plus forts. Ce best of permet de (re)découvrir ses meilleurs moments: l’excellent disque Mudcakes de 1993 et son live de 2005, Cut & Run, tous deux traversés par un fabuleux guitariste flamand, Paul Van Bruystegem. Le travail de celui-ci sur Pocket Change et Whisky Blues est, simplement, bluffant.

Philippe Cornet

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