Sambaloji: épisode 2

© AF Belem / Bruno Pellerin

Mardi soir, Baloji et son orchestre de la Katuba étaient dans la capitale brésilienne pour donner le 2e concert de leur tournée. Récit.

Faut le voir pour le croire. A 8000 km de Bruxelles, temps belge sur Brasilia. Grandes eaux et coup de tonnerre sur la capitale brésilienne. La fin de la saison des pluies, qu’il paraît. Bon, d’accord, il faudrait quand même voir à pas trop se plaindre : le thermomètre affiche tout de même 25°. Et puis, la pluie donnerait presque un caractère humain à Brasilia et son urbanisme futuriste. Du haut de la tour de la télévision, la vue est éclairante. A gauche, on construit le stade pour la prochaine Coupe du Monde. Devant, le panorama donne sur l’axe monumental, avec au bout, la cathédrale d’Oscar Nimeyer et son dôme en épines, puis l’enfilade des ministères, qui donne sur l’esplanade des pouvoirs. A Brasilia, peu de trottoirs, aucun vélo, et un système de transport en commun erratique. Quasi aucun feu de signalisation, et peu de passages pour piétons : tout a été fait pour la voiture et fluidifier ses trajets.  » Au début, j’ai voulu aller bosser à pied : ce sont des lignes droites, cela peut donner l’impression que les distances sont courtes. Mais le premier jour, j’ai marché pendant plus d’une heure pour arriver à l’université. Depuis que j’ai une voiture, ça va mieux, je peux commencer à apprécier la ville.  »

Mathieu Labeau est lecteur à l’Université de Brasilia. C’est Wallonie-Bruxelles International qui l’a envoyé là, après un premier poste de 6 ans à Budapest. Il a inauguré la représentation de WBI à Brasilia il y a 6 mois. «  C’est vraiment les débuts. On est d’autant plus des fourmis que le pays est gigantesque.  » La tournée brésilienne de Baloji a été mise sur pied en grande partie par l’Alliance française. Mais sur la date à Brasilia, l’agence WBI a mis la main au portefeuille. Ce soir-là, les gars jouent au théâtre . De l’extérieur, l’endroit ne paie pas de mine. Mais la salle est jolie, avec ses rangées de fauteuils rouge, qui entourent trois des quatre côtes de la scène. Le soir, elle ne sera pas remplie, mais bien garnie. Quelque 300-400 personnes, assistance complètement hétéroclite entre jeunes alternatifs, quinquas en pantalon de toile, fonctionnaire en cravate, hipsters et personnel d’ambassade.
Vers 20h20, alors que dehors les trottoirs de Brasilia sont toujours trempés, Baloji et son orchestre de la Katuba lancent le concert avec… L’heure d’été. Reggae soul avant de virer rumba congolaise Sage pendant les morceaux, le public  » brasiliense  » applaudit généreusement après chaque titre. Quand il a le temps… Le band enchaîne en effet les morceaux, sans prendre le temps de souffler. Quand arrive I’m Coming Home, le concert s’emballe définitivement. A la basse, Didier Likeng mitraille méchamment. Baloji, lui, alterne français, tshiluba et lingala. Pas sûr que le public brésilien comprenne. Mais faut-il vraiment beaucoup d’ explications quand on voit s’égosiller Baloji, à genoux sur Karibu Ya Bintu, transe sous disto qui sonne la charge finale ? On en doute, à entendre les applaudissements nourris après l’heure et demie de concert. Cinq minutes plus tard, le public se presse au stand de merchandising pour prendre des photos avec le groupe, rincé mais joyeux.

Vers 23h, tout le monde quitte la salle pour croquer un bout à une terrasse du quadra 108. Dans le jardin, sorti de nulle part, un cracheur de feu vomit des flammes. La pluie a cessé. La pavé de Brasilia est maintenant presque sec.

Laurent Hoebrechts, au Brésil

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