Test Drive Unlimited 2: bienvenue à Nanarland

Les Nanars existent-ils dans les jeux vidéo? Test Drive Unlimited 2 ouvre le débat sur fond d’immersion entre course de bolides, bling-bling cheap, et jeu de rôle.

Engoncé dans un premier degré navrant délaissant toute approche narrative pour se concentrer sur la compétition, le petit monde des jeux de course automobile sur consoles s’était réveillé de sa torpeur en 2006 avec Test Drive Unlimited. Le jeu des créateurs de V-Rally brassait une foule de nouvelles idées réjouissantes en remplaçant les avatars humains de Second Life par des bolides de rêves sillonnant les routes d’Hawaï. Première production motorisée réellement convaincante sur next-gen, ce jeu de rôle évoquant à bien des égards un Midnight Club Racing plongé en pleine jet set accouche aujourd’hui d’une suite. Au forceps.

Chacun sa vision de ce qui est classe ou pas. Test Drive Unlimited 2, lui, aime le clinquant. Jusqu’à l’aveuglement. Planté entre Ibiza et Hawaii, la trame de ce jeu de course mi-arcade et mi-simulation semble parodier le bling bling way of life. Choisir un avatar dans une foule se trémoussant sur le toit d’un immeuble aux sons d’un simili David Guetta. Puis acheter sa première voiture et s’envoyer quelques kilomètres de bitume contre Miami Harris, starlette potiche présentatrice télé pilotant une Ford Mustang rose bonbon.

Kiss me as you love me

On ose à peine y croire. D’autant que le capot de la muscle car vintage se coiffe d’un sticker géant en forme de trace de lèvres. Acheter des fringues et des meubles. Passer chez le coiffeur, payer des stickers hors de prix pour ses voitures. Dérision? Se rendre en avion sur un casino insulaire. Recevoir un coup de fil de Miami Harris qui propose une visite à la clinique de chirurgie esthétique pour modifier l’apparence de son avatar. Pas de doute, Test Drive Unlimited 2 immerge dans un univers qui ne parlera pas aux gentlemen drivers.

Comme à Disney Land, le « willing suspension of disbelief » aurait encore pu carburer si la réalisation de Test Drive Unlimited 2 avait été à la hauteur de ses ambitions à paillettes. Mais la production en carton-pâte lui donne des allures de série B. Doublages des voix sans conviction, dialogues creux (les départs de chaque course sont des moments d’anthologie), modélisation cheap des visages… Atari n’a clairement pas su financer ce projet depuis l’échec d’Alone in the Dark next-gen. Grave erreur que d’avoir privilégié ce dernier titre, vu l’énorme potentiel et la communauté de fans bien installée de TDU.

Sur terre ou bitume, le constat low-cost grince. Le « frame rate » (la fluidité d’animation, et donc le nombre d’images par seconde), vital dans tout jeu de course, peine à la tâche tandis que le réalisme du moteur physique plane sous trip acide, en particulier lors des sauts des bolides. Poussant le joueur à découvrir un maximum de points d’intérêt sur Ibiza et Hawaï, entre lifestyle, concessionnaires, défis (presque inchangés) et affrontements online, Test Drive Unlimited 2 ne change finalement que très peu sa recette première.

Çà et là quelques améliorations viennent justifier l’achat. La monotonie des longs déplacements parfois nécessaires pour rejoindre un championnat se casse ainsi grâce au système F.R.I.M. (sic!), engrangeant du cash lorsque l’on frôle des carrosseries ou dérape. Au joueur de récolter l’argent au bon moment, avant le crash. Pétri de bonnes volontés, parmi lesquelles un système de progression ne privilégiant pas uniquement les courses proprement dites mais aussi la découverte de l’île, sa collectionnité et son implication online, Test Drive Unlimited, l’ancienne Rolls des jeux de course, a mal veilli.

Test Drive Unlimited 2, édité par Atari et développé par Eden Studio. Disponible sur PlayStation3, PC, et XBox360. Age: 12+.

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Michi-Hiro Tamaï

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