Jon Hopkins aux 10 Days Off

Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

A Gand, les 10 Days Off rassembleront à nouveau la crème des musiques électroniques alternatives. au programme, notamment, jon hopkins, auteur d’un 3e album techno proche de la perfection.

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Vaille que vaille, les 10 Days Off tiennent bon. Malgré une concurrence de plus en plus rude (la multiplication des festivals électro et des scènes dance dans les événements historiquement rock). Malgré aussi une baisse des subsides substantielle. Contre vents et marées, le festival gantois remettra donc une nouvelle fois le couvert, du 18 au 28 juillet. Toujours fidèle à ses principes et à sa ligne de conduite: offrir pendant dix nuits, du soir jusqu’à l’aube, un panorama de ce que les musiques électroniques actuelles produisent de plus excitant, curieux et audacieux.

Exemple avec le live de Jon Hopkins, programmé le 19 juillet. L’Anglais vient de sortir l’une des plaques les plus intéressantes du moment. Immunity bouillonne de partout, tabassant techno avant de filer à l’ambient ou de flirter avec une house cotonneuse à la Four Tet. Y a du monde sur la corde à linge, mais avec un sens de la cohérence qui fait d’Immunity un disque solide, à la fois complet, autarcique et accueillant. En filigrane, sans être un concept-album, il tournerait autour d’une envie: livrer la bande originale d’une nuit idéale. Hopkins nuance: « L’idée était de réussir à retranscrire la dynamique de la nuit, la manière dont elle se déploie, se construit. Comment se vit-elle en tant qu’expérience? Pour moi, c’est un mélange de choses, de sensations. Il y a évidemment le côté hédoniste de la fête. Mais il y a aussi ces sentiments toujours un peu uniques. Ces rencontres qui ont un caractère particulier parce que vous savez qu’elles sont liées à ce moment, qu’elles sont éphémères. Cela peut donner des choses très belles. »

Man Machine

Hopkins (Londres, 1979) ne correspond pas forcément au profil-type du musicien électronique. Ses débuts, il les a faits par exemple du côté du conservatoire, avec une solide formation de pianiste classique. « Il y avait un piano à la maison. Gamin, je passais mon temps à chipoter dessus, à improviser. Quand j’ai eu douze ans, mes parents m’ont proposé de suivre des cours pour engranger tout de même un peu de bagage technique. C’est comme ça que je me suis retrouvé à faire des concerts et à participer à des compétitions. » A 17 ans, il prend néanmoins la tangente. « Les concours, tout ça… Il me semblait que ce n’était pas la meilleure manière de présenter et d’exprimer la musique. »

Il passe alors une audition pour accompagner la chanteuse Imogen Heap en tournée. En parallèle, il commence à pondre ses propres morceaux. A 20 ans, il sort Opalescent, premier album électronique planant, tout en claviers atmosphériques. « J’ai toujours été attiré par le son des machines. Je me rappelle que vers sept, huit ans, je suivais les hit-parades à la radio, et que j’étais fasciné par tous les titres qui fonctionnaient avec des samples ou des sons électroniques, comme les Pet Shop Boys, Depeche Mode… C’était aussi l’époque où la house se glissait pour la première fois dans les charts. »

Il n’y a pas que ça. En 1987, U2 sort aussi The Joshua Tree, produit par un certain Brian Eno. Aujourd’hui, le pape de l’ambient est devenu l’une des références d’Hopkins. Mieux: l’un et l’autre collaborent régulièrement. Jon Hopkins a par exemple participé aux sessions de Viva la Vida, l’album de Coldplay, auquel il a filé l’un de ses titres. Son Light Through The Veins sert en effet d’intro au disque de la bande à Chris Martin, repris sous le titre Life In Technicolor. Il a aussi travaillé directement sur Small Craft on a Milk Sea, l’un des derniers albums d’Eno, paru en 2010. « J’admirais Brian Eno avant même de le rencontrer. J’étais surtout conscient de son boulot comme producteur, plus que de sa musique que j’ai découverte plus tard. Comme la série des Ambient, qui sont devenus des disques de chevet. Aujourd’hui, on a une relation à la fois professionnelle et amicale. On se voit deux, trois fois par an, toujours pour bosser plus ou moins sur un nouveau projet. »

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Si Immunity a des penchants à la rêverie (Sun Harmonics), il ne glisse cependant jamais jusqu’aux méditations ambient. Sur une bonne première moitié de disque, Jon Hopkins balance même une techno-house abrasive, avant qu’un piano, très Satie dans le dépouillement, ne vienne calmer un peu le jeu (Abandon Window). Comme quoi, il est possible de marier l’acoustique et l’électronique, sans que l’un et l’autre ne s’annulent. « J’ai pas mal d’équipements, de machines. Ado, j’ai joué dans des groupes de rock. C’était sympa, mais je me suis rendu compte que j’aimais bien travailler seul, et pouvoir tout contrôler. L’électronique permet cela. J’ai un studio qui me donne la possibilité de créer à peu près tous les sons que je veux. Cela a pris du temps. Mais aujourd’hui je prends vraiment mon pied. Après, la technologie ne m’intéresse pas en soi. C’est juste un outil, comme la palette pour le peintre. A cet égard, le piano est une couleur comme une autre. Il a toujours fait partie de ma vie. Il n’y avait pas de raison de ne pas l’inclure dans certains morceaux. Après tout, la musique est toujours plus ou moins le reflet de celui qui la crée. »

JON HOPKINS, IMMUNITY, DISTR. DOMINO.

Les 10 Days OFF se dérouleront du 18 au 28 juillet au Vooruit de Gand.

Infos: www.10daysoff.be

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