Les dimanches de Raphaël et Camélia Jordana au BSF

Raphaël © Frédéric Pauwels

Raphaël et Camélia Jordana ont rempli le rôle d’affiche familiale au Brussels Summer Festival, Jour du Seigneur oblige. L’effet dimanche, c’est quoi?

Festival Familial

Dimanche + festival = familial. L’équation est incontestable. Même Dour s’y est mis. Le dimanche il faut accueillir tout le monde, des bambins jusqu’aux bobonnes. Pour ce faire, le Brussels Summer festival a misé sur la chanson française, chantre de l’inoffensif. Avec (demi-) réussite parfois (Raphaël, Camélia Jordana) et des gros ratés aussi (Medi, Zaz)…

Rupture sur fond de Barbara
L’album éponyme de Camélia Jordana est le genre de secret qu’on garde pour les dimanches après-midi douloureux malgré les Lexomils. Une petite dose de poésie sentimentale qui vous rendrait presque heureux de traverser une période sentimentale trouble. En live, c’est avec l’aérien Calamity Jane que l’ancienne candidate de la Nouvelle Star part à la conquête de ce dimanche, avant d’invoquer la tristesse et Barbara sur J’étais une fille. Camélia Jordana a abandonné son look d’ado geek pour celui d’une femme toute de rouge sur les lèvres, et flirte avec le génial lorsqu’elle entonne Moi c’est, le tubesque single composé par Mathieu Boogaert. Mais la mélancolie n’étant pas une affaire estivale, la jeune chanteuse s’épuise vite sur son répertoire encore fragile et peine à maintenir le niveau avec ses reprises. Le public est peu réactif. Et on est obligé de constater qu’un plaisir solitaire n’a pas toujours son équivalent dans le partage…

Je hais les dimanches
Lui n’aime pas les dimanches, et pourrait les rendre imbuvables à quiconque tenterait de cerner le bonhomme ce même jour. Raphaël reste insaisissable. Tout peut se résumer dans le rappel de ce soir au BSF: alors qu’il fournit deux reprises de bravoure d’artistes majeurs (Modern Love de Bowie et Osez Joséphine de Bashung), il faut qu’il invite sur scène l’imbuvable Zaz pour chanter La fée (qu’il a composé pour la demoiselle). Il manque un lien. Avant cela, Raphaël a prouvé qu’il était prêt à tutoyer ses héros Christophe et Bashung, laissant de côté son penchant pour la ritournelle parfois trop facile. Souvent seul à la guitare ou au piano, l’auteur de Sur la route fait la part belle à ses deux albums qui ont connu le succès (commercial pour Caravane, critique pour le dernier en date Pacific 231). Chanson pour Patrick Dewaere impressionne, tandis que Dharma blues et Prochaine station possède une ampleur live incontestable. Crooner crâneur par instant, Raphaël conquiert Bruxelles avec un charme qu’il faut lui reconnaître. Celui que l’on surnomme parfois le Petit Prince dévoile doucement la sève sous l’écorce jusqu’à virer anti-héros: bien plus attachant qu’une ressemblance à la tête blonde. Raphaël demeure inégal, mais mûrit dans des paysages plus sauvages à chaque étape. L’attente est belle.

Maxime Morsa

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