Critique

The Girl with the Dragon Tattoo

THRILLER | David serial killer Fincher adapte le livre de Stieg Larsson, Millénium, dans un film à la mise en scène virtuose, un polar dense entre noir d’encre et blanc neige.

THE GIRL WITH THE DRAGON TATTOO, THRILLER DE DAVID FINCHER. AVEC ROONEY MARA, DANIEL CRAIG, STELLAN SKARSGARD. 2 H 38. SORTIE: 18/01. ***

Trois ans à peine après la version suédoise, voilà donc que sort le 1er volet de l’adaptation américaine de Millénium, la trilogie à succès de Stieg Larsson. Une entreprise attendue avec d’autant plus d’impatience que pilotée par David Fincher, qui se retrouve ici en terrain familier: The Girl with the Dragon Tattoo est le 3e film de serial killer d’un réalisateur qui avait singulièrement boosté le genre avec Se7en, avant de lui donner son chef-d’oeuvre définitif à la faveur de Zodiac.

Cap, cette fois, sur la Suède, où Mikael Blomkvist (Daniel Craig), un journaliste d’investigation traversant une passe difficile -il vient de perdre le procès qui l’opposait à un financier peu scrupuleux-, se voit proposer un curieux marché par Henrik Vanger (Christopher Plummer), un industriel: rouvrir l’enquête sur la disparition de sa nièce, Harriet, quelque 40 ans plus tôt, en échange de quoi son commanditaire lui communiquera des éléments à charge de l’homme l’ayant fait condamner. Rejoignant l’île de Hedestad, le fief des Vanger, Blomkvist se met à remuer une histoire familiale complexe. L’ampleur de la tâche l’amène aussi à s’associer avec Lisbeth Salander (Rooney Mara), hackeuse rebelle dont le désir de vengeance est à la mesure d’un passé houleux, et dont les qualités d’enquêtrice ne seront pas de trop, alors que le duo s’avance en eaux troubles, le souvenir de meurtres rituels remontant bientôt à la surface…

Efficacité vénéneuse

S’ouvrant de trépidante façon au son de Trent Reznor et Karen O reprenant le Immigrant Song de Led Zep, le film ne relâche plus son étreinte par la suite, Fincher en enchaînant les développements au gré d’une mise en scène féline. Soit un modèle d’efficacité vénéneuse, happant le spectateur dans un mouvement tendu -on en oublierait presque connaître déjà les ressorts de l’intrigue-, le réalisateur tirant par ailleurs le parti maximum de son décor naturel, pour signer un polar dense, entre noir d’encre et blanc neige. Si la comparaison avec l’original est inévitable, on doit à Fincher de réussir le tour de force d’en être fort proche, scènes glauques incluses, tout en s’en affranchissant largement. La virtuosité du réalisateur n’y est évidemment pas étrangère. S’y ajoute le recours avisé à des flash-backs qui, le ramenant au coeur des années 60, donnent au film une assise plus riche, là où l’humour noir propre au réalisateur fait merveille. Il trouve par ailleurs un écho distancié et réjouissant chez Daniel Craig, parfait, tandis que Rooney Mara (que l’on avait vue larguer Jesse Eisenberg dans la scène d’ouverture de The Social Network) tient, en Lisbeth Salander, le rôle qui devrait définitivement l’imposer, leur relation, sinueuse, achevant de faire du film plus qu’un « whodunit » de série.

On peut évidemment gloser sur la double fin, fidèle au roman, mais allongeant inutilement une sauce qui, sans cela, aurait été parfaitement liée. Cela posé, David Fincher signe, avec The Girl with the Dragon Tattoo, un nouveau maître thriller. Ce qui s’appelle mettre en plein dans le millénium…

Jean-François Pluijgers

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