Les Ardentes J3: y a du monde ou quoi?

© BELGA
Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Donc, le rock indé ne ferait que fort peu farine au moulin des Ardentes… Si on essayait alors le hip hop avec Joey Starr et 50 Cent?

Donc, le rock indé ne ferait que fort peu farine au moulin des Ardentes… Si on essayait alors le hip hop? En début de soirée, il y a par exemple un petit parfum rap nineties dans le flow de l’Hippocampe fou, nouveau venu qui passait la tête du côté de l’Aquarium (forcément). Pas mal de déconne aussi, et de bon esprit rigolard et absurde. On devine bien qu’il y a parfois aussi autre chose derrière les lyrics. Mais la sono des halles des foires ne fait pas vraiment dans le détail. Soit. Des programmations, deux MC’s, l’Hippocampe et son acolyte: la formule est basique mais fonctionne.

Le hip hop d’ailleurs, ça fonctionne toujours mieux à deux. Même en solo, sans son compère Kool Shen, Joey Starr a besoin de s’entourer. Ce samedi soir, Natty est donc de la revue pour accompagner le Jaguar, présent avec un full band. Un vrai groupe, mais avec toujours les platines au centre du jeu. Sauf erreur, la dernière fois que Joey Starr était passé par les Ardentes, c’était dans les halles des foires. Cette fois-ci, c’est la scène principale qui sert de défouloir à la moitié d’NTM. Il lui faut d’ailleurs bien ça. Rappeur, acteur, provocateur, le père Joey est en effet d’abord et avant tout un incroyable performer, un animal de scène inépuisable. T-shirt noir orné du sourire sadique du chat d’Alice au pays des merveilles, le bonhomme met directement la pression. Hurlements bestiaux, voix de verre pilée, acrobaties verbales, chorés déliées typiques… Y a du monde ou quoi? Et hop, Jour de sortie comme premier morceau de bravoure d’un concert qui ne se permet une baisse de régime qu’avec Mamy et son emprunt à Nicoletta. Certes, le set est sans surprise – le couplet anti-Sarko toujours de rigueur malgré le passage en « Hollanderie », une pique à Doc Gynéco, une ode à la Marie-Jeanne. Mais l’énergie qui se dégage fait du bien, idéale pour un festival comme les Ardentes. En finale, Carnival met comme d’hab un beau boxon, avant qu’une version hardcore de Seine Saint Denis Style ne mette tout le monde d’accord. Fort, le Joey…

Restait alors encore à se farcir le gros poisson ricain du jour… C’est peu dire qu’on n’attendait pas grand-chose de 50 Cent. Pour l’avoir déjà vu cachetonner en festival il y a quelques années. Aussi parce que le rappeur a quand même perdu pas mal de son « tranchant » ces derniers temps. Enfin, parce qu’au moment même où Cinquante centimes était censé monter sur scène samedi soir, la pluie qui menaçait depuis un moment s’est mise à tomber drue.

Et pourtant, le bonhomme va faire le boulot. Le gangsta rap marque un peu le pas? Pas de souci, 50 Cent passe alors en mode pur entertainer. Accompagné d’un groupe, il sert un concert best of qui tient foutrement la route. Sans génie, mais avec un sens de l’efficacité tout américain. Oublié le récent accident de voiture blindée, Curtis Jackson est visiblement de très bonne humeur (les cigarettes qui font rire?). La première demi-heure est impressionnante, avec déjà du lourd comme PIMP, Ayo Technology ou Like My Style. C’est carré, old school à souhait, loin des glissades electro-dance dans lesquelles certains de ses collègues se sont empêtrés. Une brève incartade r’n’b plus tard, et Fifty sert In Da Club, comme à la parade. Y a du monde ou quoi?

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content