Critique | Livres

Hoodoo Darlin’

Olivier Van Vaerenbergh
Olivier Van Vaerenbergh Journaliste livres & BD

ROMAN GRAPHIQUE | Pas besoin d’être « born in the bayou » pour avoir envie d’en parler et surtout de le dessiner. La jeune Léonie Bischoff, Suisse et Bruxelloise d’adoption, y installe donc son premier récit long, à paraître début avril: l’histoire d’Adèle, jeune sorcière black et vaudou qui va plonger au coeur du monde surnaturel.

D’abord pour y laisser le sien, de coeur, et ensuite pour y ramener cinq esprits malins, tous cachés dans le bayou. Le tout sous la férule de Simeon, son vieux maître vaudou déclinant, et à l’ombre de Lawrence, ancien disciple (beaucoup) moins prévenant qu’il n’y paraît… Du vaudou donc, mais surtout un récit d’aventures qui se laisse lire d’une traite. On avait pu découvrir Léonie Bischoff et ses dessins « old school » (sans ordinateur) il y déjà trois ans avec son court mais excellent récit Princesse Suplex, autour du catch féminin. Ici, elle accentue encore la prise de risque en se lançant dans un récit moite et suintant comme les marécages américains, à l’opposé des productions girly de sa génération, et dans un style, le sien, que l’on n’est pas habitué à voir dans un récit d’aventures. Un trait au crayon gras qui revendique les influences du génial Bill Plympton et d’à peu près tout le catalogue Poisson Pilote, sans y perdre pour autant de sa singularité tout en ondulation, et de cette esthétique très contemporaine et « sfarienne » qui consiste à avancer sur un fil, entre maladresse et virtuosité. On referme Hoodoo Darlin’ avec la même impression d’étonnement qu’on avait en l’ouvrant. Mais avec la furieuse envie de se réécouter un bon Skip James ou les Neville Brothers, et de suivre le parcours de cette dessinatrice plus atypique que prévu.

ROMAN GRAPHIQUE DE LÉONIE BISCHOFF, ÉDITIONS KSTR, 132 PAGES. ***

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