L’homme qui ne voulait pas être fou

© RTBF

Schizophrène, Patrice est aussi l’auteur de fulgurances poétiques. On suit son parcours dans ce superbe documentaire concocté par Bernadette Saint-Rémy et Véronique Fievet.

Patrice a 49 ans. Quand il se sent « envahi par les gens », il se réfugie dans sa chambre, il frappe son lit et il crie. Toujours la même onomatopée. Patrice est schizophrène, il habite dans une institution spécialisée. Il pourrait vivre chez sa mère, mais celle-ci « doit se protéger ». Elle l’a laissé vivre dans la rue durant cinq ans, et aujourd’hui elle lui apporte du café de temps en temps. Patrice a des hallucinations, il dit ce qui lui passe par la tête aux gens qu’il croise dans la rue, il a besoin de se « défouler dans l’agressivité »…

Et parfois, c’est vrai, il fait peur. Mais la personnalité de Patrice est étonnante: il écrit des choses sublimes dans un carnet quadrillé, « il n’y a rien de pire que les prisons mentales, car ce sont des prisons vides », il s’évade dans des rêveries dingues, où il part au Brésil donner un peu de son savoir (de carreleur) aux enfants qui n’ont rien. Patrice apprend d’ailleurs consciencieusement Le Brésilien sans peine.

Magnifique portrait d’un poète et de sa maladie, L’homme qui ne voulait pas être fou donne une voix et un regard à ceux qu’on voit partout, sans jamais les regarder. Les fous, les marginaux, les clodos. Un documentaire traversé par une émotion puissante, à chacun de ses plans, et qui revigore curieusement celui qui le regarde. Parce que son héros, qui vit dans les nuages, est aussi capable d’un humour mordant et salvateur. Comme lorsqu’il apprend à faire sa lessive, et que la dame qui l’accompagne lui demande s’il en est heureux. Lui, goguenard: « Peut-on être heureux en faisant une lessive? »

L’homme qui ne voulait pas être fou, 22.50 sur La Deux.

Documentaire de Bernadette Saint-Rémy et Véronique Fievet.

Myriam Leroy

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content