Philippe Cornet

Sigur Rós, les films

Philippe Cornet Journaliste musique

Le groupe a donné à seize réalisateurs le même budget modeste afin de « créer ce qui viendrait dans leur tête » à l’écoute de Valtari. D’où une manne de courts-métrages avec l’une ou l’autre brillance, comme ce clip chorégraphié par Sidi Larbi Cherkaoui.

La chronique de Philippe Cornet

Dans un décor industriel décati, un homme et une femme dansent: leurs frôlements vont dans les dix minutes magistrales qui suivent, amener une forme d’extase charnelle. Depuis Pina Bausch, on n’avait pas si souvent vu des danseurs dont le centre de gravité naturel est à ce point le bassin du partenaire. Réalisateur de ce très beau film autour de la plage titulaire de Valtari, Christian Larson, ne serait jamais arrivé au même degré d’intensité évocative sans les deux interprètes, Nicola Lahey (c’est une fille) et James O’Hara, chorégraphiés-fusionnés par Sidi Larbi Cherkaoui. « On n’a jamais imaginé notre musique avec une réponse émotionnelle préconçue, on ne veut pas dire à qui que ce soit comment la sentir et ce qu’on peut en retirer. Avec ces films, nous n’avions -littéralement- aucune idée de ce que les directeurs nous ramèneraient », explique Sigur Ros sur la jaquette du DVD qui rassemble les seize films, parfois combinaison de plusieurs morceaux, parfois dialogués, diffusés un par un sur le Net entre mai et décembre 2012.

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Opération danse

Alors, il faut sans doute être du Nord pour imaginer les six minutes de Eg Anda: Ragnar Kjartansson y met en scène des protagonistes en habits de soirée, qui ont des problèmes de digestion. Le résultat: un guide pour éviter l’étouffement gastrique. Cette absurdité stomacale est l’un des rares moments drôles offerts par des films qui privilégient la danse, le ralenti et l’émotif sensoriel. Un seul film d’animation, un seul autre en noir et blanc, une splendeur naturaliste -l’opus de Henry June Wah Lee filmé au Japon- et donc, une obsession pour le mouvement humain décliné sur tous les tons: une rouquine seule dans une pièce (Varoeldur), un duo en ballet dans la forêt (Daudalogn), un couple de danseurs scarifiés, un solitaire en négatif (tous deux sur Fjögur piano) jusqu’au scénario chorégraphié de Leaning Toward Solace. Celui-ci combine deux morceaux de Valtari et deux acteurs connus, John Hawkes et Elle Fanning. Il est signé Floria Sigismondi, réalisatrice du biopic The Runaways et l’un des rares noms grand public de ce DVD, visuellement étourdissant, même si le rendu filmique ressemble parfois à un pléonasme de la musique tellurique de Sigur Rós. On en retient donc les interprétations décalées: l’homme et l’escargot de Nicholas Abrahams sur Ekki Mukk et plus encore, le final Varud réalisé par le photographe américain Ryan McGinley. Une fille ronde vêtue d’un tee-shirt et d’une culotte, affublée d’une ridicule perruque orange à paillettes, court pieds nus dans les rues de New York. Et c’est formidable.

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Sigur Rós, Valtari Film Experiment, distribué par EMI.

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