Festival de Cannes: demandez le programme

Le festival de Cannes aura lieu du 15 au 26 mai 2013. © IMAGEGLOBE
Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

Le 66e festival de Cannes s’ouvre ce mercredi. Les films français s’y bousculent. Tout comme les habitués, et même quelques revenants. Présentations.

1858 films vus. Une statistique sèche suffit, en plus du tournis, à donner la mesure du festival de Cannes. S’il y a là beaucoup d’appelés, suivant la parole consacrée, les élus sont plus rares cependant, dont la sélection, au-delà de la seule qualité, résulte encore d’un savant dosage où le glamour côtoie l’exigence, le strass le stress, les habitués les bizuts. A cet égard, le millésime 2013 ne déroge pas à la règle d’un modus operandi établi de longue date. La lecture de la sélection, dans son volet officiel en tout cas, permet toutefois de dégager diverses tendances fortes, dont la première tient à l’omniprésence du cinéma français.

La France…

Six films pour la seule Compétition, c’est rare mais pas inédit (il y en avait autant en 2003), cette représentation massive trouvant par ailleurs des prolongements aussi bien à Un Certain Regard que dans les sections parallèles de la Quinzaine des Réalisateurs et, dans une moindre mesure, de la Semaine de la Critique. Parmi ceux-là, certains étaient attendus, au premier rang desquels le Jimmy P. d’Arnaud Desplechin, avec Mathieu Amalric et Benicio del Toro, de même que La Vénus à la fourrure de Roman Polanski, de retour sur la Croisette onze ans après la Palme d’or du Pianiste, voire encore La vie d’Adèle d’Abdellatif Kechiche. Le prolifique François Ozon (Jeune et jolie), l’inattendu Arnaud des Pallières (Michael Kohlhaas) et Valéria Bruni-Tedeschi (Un château en Italie), seule réalisatrice invitée en Compétition (voilà qui ne devrait pas suffire à faire retomber la polémique née l’an dernier, encore que la section Un Certain Regard se décline pour sa part largement au féminin, de Sofia Coppola à Claire Denis), en complètent le volet hexagonal. L’on serait même tenté d’y ajouter Le passé de l’Iranien Asghar Farhadi, tourné en France par le réalisateur d’Une séparation dont c’est la première participation au Festival.

… et le reste du monde

Le cinéma américain constitue l’autre pilier de la sélection officielle, avec pas moins de cinq films, et non des moindres, en Compétition. Respectivement Palmes d’or en 1989 et en 1991, Steven Soderbergh et les frères Coen proposent deux biopics, consacrés l’un à Liberace (Behind the Candelabra), l’autre au musicien folk Dave von Ronk (Inside Llewyn Davis). A leurs côtés, quelques poids lourds du cinéma indépendant US, les New-Yorkais James Gray (The Immigrant) et Jim Jarmusch (Only Lovers Left Alive), rejoints par Alexander Payne, avec Nebraska. Sept plus cinq font douze; restent huit films que devra départager le jury présidé par Steven Spielberg, et ventilés inégalement entre l’Asie (trois films par autant de cinéastes majeurs, les Japonais Hirokazu Kore-eda (Tel père, tel fils) et Takashi Miike (Shield of Straw), et le Chinois Jia Zhang-ke (A Touch of Sin), l’Amérique latine (Heli, du Mexicain Amat Escalante), l’Afrique (Grigris, du Tchadien Mahamat-Saleh Haroun) et le reste de l’Europe (trois films, à savoir ceux du Danois Nicolas Winding Refn (Drive), qui retrouve Ryan Gosling dans Only God Forgives; de l’Italien Paolo Sorrentino (La grande bellezza); et, plus surprenant, du Hollandais Alex Van Warmedam, l’auteur de La robe, nouveau venu à ce niveau, dont l’on découvrira Borgman, avec l’acteur belge Jan Bijvoet.

S’ils sont, comme ce dernier, quelques-uns à accéder au club très sélectif des cinéastes invités en Compétition, on y reste, pour l’essentiel, entre habitués, auteurs confirmés auxquels l’on joindra l’Australien Baz Luhrmann, dont The Great Gatsby devrait valoir au Festival une ouverture toute en paillettes, douze ans après Moulin Rouge. A charge pour les autres sections cannoises d’aller débroussailler ailleurs -on y compte ainsi 23 premiers films concourant pour la Caméra d’or, dont le jury sera présidé par Agnès Varda-, jusqu’à débusquer l’un ou l’autre revenant: la Quinzaine des Réalisateurs saluera les retours de Marcel Ophüls dont Le voyageur met un terme à un silence de 18 ans, et du réalisateur chilien Alejandro Jodorowsky, auteur du mythique El Topo, et qui présentera La Danza de la realidad -tout un programme.

Côté belge enfin, la longue histoire d’amour avec le Festival connaît quelques hoquets, un seul long métrage, le Henri de Yolande Moreau, présenté en clôture de la Quinzaine, ayant cette année les honneurs de la Croisette. Pour autant, une édition rendant hommage à l’immense Jerry Lewis et ayant pour invitée d’honneur Kim Novak, la star de Vertigo, ne peut qu’être née sous une bonne étoile…

Cannes, côté belge

Une fois n’est pas coutume, il n’y aura qu’un long métrage à battre pavillon belge sur la Croisette cette année, à savoir Henri, présenté en clôture de la Quinzaine des Réalisateurs, la deuxième réalisation de Yolande Moreau, neuf ans après Quand la mer monte. Si l’on est loin des cinq longs squattant les différentes sections du Festival en 2012, l’on se gardera pour autant de conclusions hâtives. Moins ostensible qu’en d’autres occasions, la présence belge à Cannes n’en reste pas moins une réalité pérenne, déclinée encore en courts métrages (Mont Blanc de Gilles Coulier en Compétition et En attendant le dégel de Sarah Hirtt à la Cinéfondation) et coproductions (La vie d’Adèle d’Abdellatif Kechiche en Compétition ou Le Congrès d’Ari Folman à la Quinzaine). Sans même parler des nombreux acteurs conviés à la fête, de Matthias Schoenaerts (Blood Ties de Guillaume Canet, présenté Hors Compétition) à Pauline Burlet (Le passé d’Asghar Farhadi en Compétition); d’Olivier Gourmet (Grand Central de Rebecca Zlotowski à Un Certain Regard) à François Damiens (Tip Top de Serge Bozon à la Quinzaine), et l’on en passe, comme Jan Bijvoet, présent en Compétition avec Borgman d’Alex Van Warmedam.

Suivez le festival de Cannes en direct tous les jours sur www.focusvif.be: compte rendus vidéos quotidiens, reportages photos, les coulisses du festival, les petites phrases des acteurs et réalisateurs, le palmarès…

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content