Critique | Musique

Antibalas, groove pare-balles

Antibalas © Jacob Blickenstaff
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

AFROBEAT | Adulé par TV on the Radio et Vampire Weekend, Antibalas fait à nouveau groover son afrobeat made in Brooklyn. Increvable.

ANTIBALAS, ANTIBALAS, DISTRIBUÉ PAR DAPTONE RECORDS. ****
LE 27/10 AU FESTIVAL DES LIBERTÉS (BRUXELLES) ET LE 08/11 AU GRAND MIX (TOURCOING).

Security fut tout sauf un grand succès commercial. Il s’en est cependant passé des choses depuis cinq ans et le dernier album d’Antibalas. Des blogs comme Awesome Tapes from Africa se sont mis à nous faire découvrir des trésors cachés du Ghana, de Somalie et d’ailleurs. Vampire Weekend a débarqué. La pop alternative, de Yeasayer à Fools Gold en passant par Akron Family, s’est africanisée. A mis du soleil dans ses guitares et de l’exotisme dans ses chansons. Dans la musique, le continent oublié l’était tout à coup beaucoup moins.

Originaire de New York, Antibalas est né en 1998, un an après la mort de Fela, comme une tentative de mêler le groove latin funk new-yorkais et les jams afrobeat du sieur Kuti. Se focalisant bien vite sur la deuxième moitié de l’équation.

Antibalas est l’un des fers-de-lance de l’afrobeat occidental. Antibalas a joué avec The Roots, Public Enemy, Paul Simon, Amadou et Mariam. Accompagné Femi Kuti et participé off et on Broadway à la comédie musicale Fela consacrée à son illustre père… Ses membres, eux, ont partagé scène et/ou studio avec Amy Winehouse, Mark Ronson, Ornette Coleman, St Vincent et les Black Keys… La liste est longue comme un bras.

Héritiers new-yorkais de Fela

Enregistré en deux semaines à Brooklyn, dans le minuscule studio Daptone -la désormais célèbre House of soul-, Antibalas est le cinquième album du groupe et le premier à sortir sur le label new-yorkais. Pas étonnant quand on sait qu’il a partagé et partage encore aujourd’hui des membres avec les fleurons de l’écurie: Sharon Jones et ses Dap-Kings, le Budos Band et le Menahan Street Band. Le fondateur de la petite maison de disques Gabriel Roth a d’ailleurs produit ses trois premières plaques.

Mieux. Les Dap-Kings et Antibalas ont commencé au même endroit. Dans un loft de Williamsburg où cohabitaient Gab Roth et Martin Perna, initiateur et saxophoniste baryton du groupe « pare-balles ». Et où Tunde Adebimpe et David Sitek ont pour la petite histoire jeté les bases de TV on the radio. Le monde est petit. Et New York aussi.

Trois quarts d’heure pour seulement six morceaux… Antibalas, l’album comme le groupe, peut être résumé en trois mots. Jammesque (même si les titres ne dépassent plus les dix minutes), groovy et évidemment afrobeat.

Cette musique créée par Fela à Lagos à la fin des années 60 et mêlant rythmes traditionnels, jazz, funk et high-life, Antibalas n’en a pas que le son formidable gorgé de cuivres, de saxophones et de percussions. Ses onze musiciens et leurs huit invités (parmi lesquels Lucinda Slim…) en ont l’énergie endiablée, l’âme libre et les vibes de la fraternité. Les textes, chantés en anglais et en nigérian par Abraham Amayo, parlent de Dirty Money, appellent les frères à cesser de se battre et semblent plus que jamais intemporels. Comme cet irrésistible album en somme.

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content