Edwyn Collins le miraculé

© Laurent Francken, www.edwyncollins.com

Cinq ans après un double accident cérébral, le chanteur écossais est de retour avec un disque épatant. Lundi soir, il était même sur la scène de l’AB. Compte-rendu.

Il arrive sur scène avec une canne, chapeau vissé sur la tête, le pas élastique et claudiquant – un peu comme s’il exécutait un moonwalk mais en avant… Le temps de jeter un regard amusé à son groupe et il lance Losing Sleep, premier single addictif issu de l’album éponyme. Lundi soir, Edwyn Collins était sur la scène du club de l’Ancienne Belgique, à Bruxelles, et c’était déjà un petit miracle…

Rappel des faits : en 2005, le chanteur écossais encaissait une double hémorragie cérébrale. S’il en a réchappé, il a dû suivre de longs mois de revalidation pour récupérer notamment la parole et une certaine mobilité. Cinq ans à peine plus tard, il sort un disque et repart sur la route.

Sur scène, Collins porte encore les stigmates de son accident : il ne joue plus de guitare et sa voix a perdu de la puissance, par moment de la justesse. Malgré cela, épaulé par un groupe solide (basse, deux guitares, clavier, cuivre et Paul Cook, oui, oui, le Sex Pistols, à la batterie), le gig a de l’allure. Mieux : Edwyn Collins ne traîne pas, joue serré, enchaînant les morceaux. Le plus souvent, il affiche un sourire débonnaire, celui du gars qui se dit : « Hey, finalement, on n’est pas si mal ici. »

A cet égard, Make Me Feel Again est exemplaire, morceau de pop sentimentale qui oublie de dégouliner pour tirer vers le haut et y trouver l’émotion juste. Au passage, Collins balance aussi régulièrement des morceaux de son ancien groupe, la formation post-punk culte Orange Juice. Consolation Prize fait ainsi des étincelles. Pas autant cependant que le nouveau What Is My Role ?, bruyant et tendu.

Tout ça pour dire : il ne faut pas longtemps pour que la musique prenne le dessus et fasse presque oublier que Collins est passé à deux doigts, par le chas de l’aiguille. En fin de set, il se lève et interprète son tube A Girl Like You sans trembler, le riff de guitare n’ayant pas perdu une once d’électricité.

En rappel, seulement accompagné d’une guitare acoustique, il jouera notamment Searching For The Truth, le premier morceau composé après l’accident, pour terminer, avec le groupe en entier cette fois, par Blue Boy, le classique d’Orange Juice, balancé sous forme de feu d’artifice. De quoi clore un concert emballant, carburant aux chansons pop d’une élégance folle. Chapeau bas, Mr Collins.

Laurent Hoebrechts

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