Critique | Musique

FaltyDL – Hardcourage

Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

ÉLECTRO | Avec son 3e album, le producteur américain FaltyDL sort un joli disque amoureux, troussant une house raffinée et euphorisante.

FaltyDL, Hardcourage, distribué par Ninja tune ***

Le CV est impressionnant. FaltyDL, alias Drew Lustman, a déjà publié deux albums sur le label Planet Mu, ouvert pour Radiohead, remixé pour The xx, Mount Kimbie, Seun Kuti avant de se faire lui-même ravaler la façade par Four Tet. Pourtant, le producteur américain, basé à New York mais à la fibre anglophile particulièrement prononcée, reste encore un nom que l’on se refile entre initiés. Ce Hardcourage pourrait bien changer la donne. Ce n’est pas tant que le producteur démontre de nouvelles tactiques de séduction -même si en effet, l’album joue l’accessibilité, sans jamais forcer. Pour une fois, FaltyDL a surtout décidé de resserrer la palette. Le bonhomme n’a pas toujours été facile à suivre, multipliant les angles. Ici, il se fait plus concentré, arqué sur une certaine gamme chromatique, tout en évitant l’ennui et l’uniformité. En l’occurrence, des paysages bleu nuit aux reflets cuivrés, quelque part entre house estivale et techno suave.

Il y a une histoire d’amour là-dessous. C’est en tout cas ce que raconte Lustman, qui avoue ne pas avoir imaginé tout de suite sortir le disque, bande-son d’un coup de foudre. Il aurait eu tort de ne pas partager. Stay I’m Changed ouvre ainsi les débats à la manière d’un Elle et moi (remember Max Berlin?), balade urbaine au ralenti, sans le côté dandy, avant de prendre une tangente carrément plus « dramatique ». De son côté, She Sleeps ressemble à un morceau des sémillants Friendly Fires: normal, c’est Ed Macfarlane, chanteur du groupe de St-Albans, qui est derrière le micro, voix romantique et aérienne. Un peu plus loin, Uncea lorgne (on n’a pas dit louche) du côté des productions de Four Tet, dégageant ce même mélange d’évidence et de raffinement, tandis que Finally Some Shit/The Rain Stopped fait penser à la house euphorisante d’un Theo Parrish ou d’un Moodymann. Le disque se clôture avec Bells, magnifique tire-larmes, certes bizarrement monté, fagoté de bric et de broc (un beat qui part et qui revient, un clavier pointilliste, des aspérités qui déboulent en plein climax), mais au pouvoir émotionnel irrésistible.

A bien des égards, le montage électronique de FaltyDL n’est pas spectaculaire –Hardcourage est tout, sauf un disque frontal. Mais en explorant le sentiment amoureux et ses subtilités (y compris ses mélancolies), le producteur américain donne une étonnante sérénité à ses explorations sonores. Il y distille une certaine douceur, qui n’est pas de la mièvrerie. Un manifeste downtempo long en bouche, euphorique mais pas béat, léger sans sonner creux pour autant. A quelques jours de la Saint-Valentin et de ses dérives dégoulinantes, cela pourra peut-être toujours servir…

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