Critique

La Conquête

DRAME | Drôle un temps, grinçant à l’occasion, La Conquête finit par lasser. Sous l’effet de l’accumulation, l’impression l’emporte d’assister à une version grand format des Guignols, surlignée encore par une musique lourdingue.

DRAME | C’est à un exercice auquel le cinéma français n’avait guère habitué que se livre Xavier Durringer avec La Conquête, puisque son film évoque la personnalité du président en exercice, Nicolas Sarkozy, à l’époque où il se lance dans une quête frénétique du pouvoir.

Sarko (Denis Podalydès, impeccable), on le découvre seul, jouant, pensif, avec l’alliance de sa femme, le soir du 6 mai 2007, lorsqu’il est élu à la magistrature suprême. Histoire d’une lutte fratricide pour la conquête du pouvoir, le film y ajoute en effet le drame intime d’un homme payant d’une rupture sa voracité politique. Surnageant dans les eaux douteuses de ce marigot, Cécilia (l’excellente Florence Pernel) est sans doute le personnage le plus fascinant qu’il nous soit donné ici d’observer, prête qu’elle est, l’heure du triomphe venue, à renoncer à cette ambition qu’elle n’a pas peu contribué à satisfaire.

Pour le reste, le film de Durringer démontre que si homo homini lupus, l’homme politique en est un plus carnassier encore: postulat vérifié alors que le film nous balade dans les coulisses du pouvoir pendant les cinq années qui ont précédé l’élection de Sarkozy, tout sauf un long fleuve tranquille. Magouilles, phrases assassines, coups bas, la politique ressemble ici à un champ de bataille, sans qu’il y ait pour autant révélation en la matière (le contenu du film a d’ailleurs été vérifié et certifié conforme, à toutes fins utiles).

Cela étant, on est néanmoins surpris par la verdeur des échanges, là où le propos souligne le monde qui sépare l’ambition de la hauteur. Drôle un temps, grinçant à l’occasion, La conquête finit toutefois par lasser. Sous l’effet de l’accumulation, l’impression l’emporte d’assister à une version grand format des Guignols, surlignée encore par une musique lourdingue. Si l’image d’un Villepin (Samuel Labarthe, mimétique) en ressort quelque peu écornée, celle de Sarkozy est finalement assez conforme à une présidence dont il a fait un reality show. Ce qui pose aussi les limites de l’affaire: La Conquête est assurément un film de son temps.

La Conquête, drame de Xavier Durringer, avec Denis Podalydès, Florence Pernel, Bernard Le Coq. 1h45.

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J.F.Pl.

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