Main basse sur une île

© Thibault Jeanson

En 1998 dans une rue d’Ajaccio, deux tueurs exécutent froidement un haut fonctionnaire de deux balles dans la tête. Deux hommes assistent à la scène, dont l' »Ange », ancien commissaire de police impliqué dans l’affaire. Cinq ans plus tard, alors que les cadavres s’amoncellent autour de lui, il convoque un écrivain blanc-bec pour lui dicter ce qui ressemble fort à un testament.

Février 1998, Ajaccio, ses palmiers, son bord de mer, son saucisson et ses crimes. Un homme en smoking est abattu à bout portant en pleine rue. Le fait divers prend plus d’ampleur que prévu: la victime est un haut fonctionnaire, sa mise à mort est hautement symbolique.

Juillet 2003, le sud de l’île, son maquis, ses maisons plantées sur des cailloux, sa paix royale. Un homme lit dans son jardin. Ce qu’il a en main, c’est l’ébauche de sa biographie, rédigée par un nègre qu’il héberge le temps de son travail. Son récit prend lui aussi plus d’ampleur que prévu: l’assassinat de 1998, c’était de sa faute. Enfin, c’est plus compliqué que ça. « Tout a débuté en 1994, quand j’ai démissionné », raconte-t-il à son « scribe ».

Policier à la retraite, sympathisant notoire des thèses nationalistes, il avait repris contact avec ses anciens camarades et voulait poser un « geste fort » pour rappeler le gouvernement français à ses promesses d’autonomie accrue pour la Corse. Un ancien ministre débarqué lui proposait d’organiser un « vrai-faux » attentat pour secouer dirigeants et opinion. Seulement voilà, l’attentat se révélera meurtrier, court-circuité par un agent des services spéciaux.

Main basse sur une île est le récit des prémices et des conséquences de ce coup de feu. Un thriller paranoïaque sur une île de beauté aux paysages au moins aussi impétueux que ses insulaires. Adaptation d’un roman de Jean-Paul Brighelli, il tire son titre d’un autre ouvrage, rédigé par l’un des premiers mouvements autonomistes du cru, le Front Régionaliste Corse. François Berléand est aussi à l’aise dans son pyjama de pensionné que dans sa salopette de maquisard, et porte à bout de bras cette fiction battue par les vents, sèche comme un canistrelli, et violente comme le ressac des vagues brisées par les falaises.

Le film est trop bavard pour qu’on s’y abandonne tout à fait, mais c’est là une faiblesse bien mineure pour une oeuvre qui aurait pu trouver son chemin au cinéma.

Main basse sur une île, 20.40 sur Arte.

Téléfilm d’Antoine Santana, avec François Berléand, Héléna Soubeyrand, Alexandre Steiger.

Myriam Leroy

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