A l’écoute des jeux vidéo

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C’est le nouveau mariage gagnant : jeux vidéo et rock. Exemple? Pour la bande originale du prochain « Medal of Honor », Linkin Park offre un morceau de son tout nouvel album. Retour sur les débuts du flirte.

Il est comme ça le joli monde du business : solidaire. L’industrie du disque s’effondre à la vitesse d’une formule 1, les firmes de jeux vidéo leur offrent un espace publicitaire de choix. Et ça marche dans l’autre sens aussi. Le marché du jeu vidéo veut attirer des nouveaux consommateurs, l’industrie du disque lui tend la main et offre des exclusivités. On appelle cela une relation « win-win » (gagnant-gagnant). Lorsqu’on va à la pêche au consommateur, c’est en ami.

Electronic Arts, où l’art d’aimer le rock

Les derniers en date à s’associer sont Linkin Park et le jeu Medal of Honor. Autant dire deux piliers de la culture geek de base. Le groupe a été convié pour réaliser la bande-son du jeu vidéo. La sortie du nouveau projet d’Electronic Arts est fixée au 14 octobre, mais l’on pourra déjà écouter le prochain single de Linkin Park (The Catalyst) sur le site www.medalofhonor.com/linkinpark à partir du 1 août, soit la veille de sa sortie officielle. Les deux parties font là une belle opération promotion.

Electronic Arts n’est pas à son premier coup d’essai pour insérer du rock dans ses jeux. Tous les footeux se souviennent du terrible The rockafeller skank de Fat Boy Slim qui servait de fond sonore à la page « menu » à FIFA 99. Plus récemment ce sont les tubes kids de MGMT ou encore Fast Fuse de Kasabian que l’on a pu entendre dans le jeu de football de la maison.

Ma guitare, ce héros

Mais l’idylle entre jeux vidéo et rock, c’est bien plus qu’une succession de simples bandes-son. En 2005, les foyers voient débarquer Guitar Hero sur PS2. On passe alors à une étape supérieure. Le joueur dispose d’une vraie fausse guitare en plastique qu’il peut tenir entre les mains et simuler les plus grands riffs de guitares de l’histoire. Des groupes comme Muse, Queens of the Stone Age ou encore The Smashing Pumpkins sont désormais représentés sur console. Metallica ou Aérosmith auront même droit à leur édition spéciale. Sans parler du The Beatles : Rock band (2009) qui permet d’entrer virtuellement dans la peau d’un Fab Four et d’interpréter un de leur innombrable succès. Dernièrement, c’est Green Day qui a fait l’objet d’un Rock Band.

Dans l’ombre de Guitar hero, Rock Revolution (2009) a aussi titillé nos oreilles avides de gros son. On y croise les Rolling stones, Alice Cooper, les Foo Fighters,… Mais le jeu n’a eu qu’un succès très relatif. Autre jeu à être passé plutôt inaperçu : Rock Manager. Sorti il y a quelques années sur PC, cette sorte de football manager à la sauce rock permet de créer son propre groupe de rock et de gérer sa carrière. Idéal pour épouser virtuellement le destin d’un Malcolm Mclaren (Sex Pistols) ou d’un Brian Epstein (Beatles), en menant un groupe au sommet de la gloire.

Le métal c’est du béton

Mais le précurseur en la matière est peut-être Crue Ball. Il s’agit d’une simulation de flipper dédiée au groupe Mötley Crüe, sorti sur la console de Sega Megadrive en 1992. La bande-son était constituée de morceaux du groupe et l’imagerie entièrement dédiée à leur univers métal. En 2000, c’est le groupe Kiss qui est mis en scène, de façon plus active encore. Le jeu, Kiss Psycho Circus, est un FPS (First Personal Shooter) dans le quel le joueur doit dégommer des bêtes énormes et des clowns en parcourant des lieux glauques. Mais le jeu ultime des métalleux est certainement Brutal Legend. Paru en 2009, le jeu met en scène un intermittent du spectacle qui se retrouve dans un monde où les amplis sont partout et où on peut se débarrasser de ses ennemis à coups de riffs de guitare. La présence de guests tels que Ozzy Osbourne où Lenny des Motörhead est la cerise sur ce gâteau tout en métal.

Les débuts de la relation entre jeux vidéo et rock se limitaient donc principalement à la musique métal. Il faut dire la plupart des gamers sont des fans de ladite musique. Et aujourd’hui encore, les deux parties sont comme cul et chemise. On vient notamment d’apprendre que le jeu de course off-road Nail’d s’est offert les services de plusieurs groupes issus de la scène métal pour composer sa bande-son. L’objet est attendu pour la fin 2010.

Cependant, pour ne pas laisser le couple s’enliser dans la routine, les concepteurs ont souhaité élargir l’offre. Désormais des grands noms du rock se retrouvent au générique des jeux. Une manière de toucher plus de consommateurs potentiels. Et un nouveau marché non négligeable pour l’industrie musicale qui doit se renouveler par tous les moyens pour retrouver des couleurs. Jusqu’à présent le mariage est plutôt réussi. Mais il ne faudrait pas qu’il ne devienne plus qu’un gigantesque espace publicitaire lourdingue, qui finirait par lasser l’ensemble des joueurs.

Maxime Morsa (stg)

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