Critique | Musique

Matthew Dear – Beams

Matthew Dear © Philistine
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

POP | L’électronicien ose un disque intelligent pour dancefloor, un album pop kaléidoscopique à la lumineuse froideur eighties. Mais qu’est-ce que c’est que ce Beams?

MATTHEW DEAR, BEAMS, DISTRIBUÉ PAR GHOSTLY INTERNATIONAL/V2. ****

« It’s alright to be someone else sometimes. » Cette petite phrase se passe de traduction. Matthew Dear, aussi connu dans le métier sous le nom d’Audion, de False ou encore de Jabberjaw (oui comme le requin naïf et gaffeur d’Hanna Barbera), aime se laisser aller à ses tendances schizophrènes et ses délires intérieurs.

Dear a remixé The xx, Charlotte Gainsbourg, Hot Chip et les Chemical Brothers. Dear est DJ, songwriter, claviériste, guitariste, chanteur, producteur de dance music, cofondateur du label Ghostly International et de son versant dancefloor, Spectral Sound… Eclectique un jour, éclectique toujours.

Enregistré dans son propre home studio et mixé par Nicolas Vernhes au Rare Book Room (Brooklyn), Beams, son cinquième album, est un disque de pop électronique XXL froide mais optimiste. Un arbre touffu qui cache du Hot Chip certes mais aussi du David Bowie, du LCD Soundsystem, du Trent Reznor (Nine Inch Nails), du Kraftwerk, du New Order et du Caribou… « A l’image d’un Dan Snaith, Matthew Dear fait de la musique pour la tête et les hanches », pouvait-on lire récemment dans les colonnes du Guardian. Comme du Caribou, ce Beams peut se méditer dans un transat avec un rhum coca ou se danser dans un club humide et moite berlinois aux petites heures du matin entre deux vodka redbull.

Electro cold kraut

Derrière le portrait gueule cassée impressionniste qui lui sert de pochette, Beams dévoile des paysages électroniques urbains et nocturnes. Tire des photos middle of the night dans un futur en mode rétro. L’univers est une espèce d’électro cold kraut groovy, entêtante, fascinante et hallucinée. Agrémenté de quelques samples inattendus, des Danois de Whomadewho (Keep Me in My Plane), de Cloud One (Patty Duke), Sine (Rotation) et Empress (Dyin to Be Dancin’), Beams doit surtout beaucoup aux délires de son géniteur. Trentenaire texan débarqué dans le Michigan à l’adolescence et fan inconditionnel de Brian Eno.

La techno de ses débuts est déjà loin… Chaque album, affirme Matthew Dear, est le portrait de sa vie. Le dernier en date, Black City, conceptualisait une ville du futur qui ne dort jamais. Véhiculait les hauts et les bas. Représentait la tension new-yorkaise. Beams symbolise la liberté et la douceur. Une liberté et une douceur à la fois glacées et lumineuses.

Si l’ombre du caméléon David Bowie en trip berlinois plane sur tout l’album, les références, clairement identifiables, sont tellement nombreuses qu’elles se fondent dans les onze titres que ce cher Dear a concoctés au sein de son laboratoire. Earthforms renvoie directement à Joy Division. Up & Out a des relents de Chk Chk Chk. Là où Shake Me ressemble à la BO d’un David Lynch. Et bien dansez maintenant.

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