GT5, l’encyclopédie onaniste

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Ludiquement et visuellement archaïque, Gran Turismo 5 magnétise au fil de sensations de pilotage uniques. Un nouveau mètre étalon, dopé par une vision automobile pornographique de Yamauchi.

Nation de collectionneurs fous (dites maniacs ou otakus), le Japon était le seul pays au monde capable d’enfanter la légende Gran Turismo. Autiste, son développeur, Kazunori Yamauchi, évolue en vase clos depuis 13 ans d’existence du jeu et cinq épisodes centraux. Une période qui a vu les fans de la série réclamer, légitimement, des améliorations au « Real Driving Simuator » édité par Sony.

Mais Yamauchi a tout juste consenti à quelques éraflures d’une partie des carrosseries de son Gran Turismo 5. Pis, les collisions irréalistes entre véhicules permettent toujours de s’aider des adversaires pour « rebondir » sur leurs flans en plein virage. D’autres archaïsmes comme des modifications de moteur farfelues (obligeant par exemple l’achat d’un petit Turbo pour avoir accès au plus gros) ou un game design rigoureusement identique à celui du premier opus (à quelques exceptions près) comptent parmi les reliquats datant de 1998.

Si Turn 10, le studio auteur des Forza Motorsport sur Xbox et Xbox 360 avoue puiser son inspiration de Gran Turismo (qu’il essaye de dépasser), Kazunori Yamauchi évolue lui clairement en chambre stérile. « Quand je vois les Forza Motorsport de Turn 10, je ressens une espèce de filiation frère-soeur. Leurs écrans de sélection de voitures me paraissent familier, une impression de déjà-vu. Mais je n’ai pas le temps de jouer aux jeux de course », lâche froidement Yamauchi. « Beaucoup de développeurs chez Polyphony achètent des jeux de voiture. Je les regarde jouer du coin de l’oeil, mais ils ne m’influencent jamais. »

Seul au monde

Le marketing dicte les choix ludiques des studios à coups d’études de marché. Mais Yamauchi se paie le luxe de n’en faire qu’à sa tête. Et témoigne aussi de son importance pour le label PlayStation en arrivant très tard, soit trois ans après la sortie d’une PlayStation 3 que de nombreux joueurs ont acheté pour Gran Turismo 5. Si Sony n’a officiellement retardé la date de son jeu phare qu’une seule fois, aucun gamer ne s’attendait à patienter ce laps de temps pour piloter le titre mythique. « GT Concept et GT Prologue étaient des titres à part entière. Mais je m’excuse d’avoir fait attendre les joueurs », avance poliment Yamauchi. A sa décharge on notera une refonte complète du moteur physique et l’apparition du online.

Oscillant entre le pire et le meilleur dans ses rendus visuels, Gran Turismo 5 jure avec ses grossières ombres de voitures mais séduit par sa compatibilité en TV 3D et le détail de ses tableaux de bords (plusieurs sources parlent de 20% du parc). La météo et les cycles jour/nuit se limitent aussi à quelques circuits. Pour épater les mirettes des potes qui passent, on préfèrera Need For Speed: Hot Pursuit. Mais malgré une technique critiquable et une approche ludique préhistorique, la vision encyclopédique de GT5 ravit toujours. On aime se perdre dans les 1000 véhicules à la disponibilité variable.

Le marché de l’occasion renouvelle ainsi ses stocks en live, après chaque course bouclée. De quoi dénicher des raretés allant de la Fiat Panda pour mamy à une Ford Mustang de 71. S’il propose de se glisser derrière le volant d’une foule de bolides parmi les plus prestigieux et puissants (Ferrari, Lamborghini, Pagani…), Yamauchi a aussi le chic pour déclarer son amour à toutes les voitures. Une vision unique qui l’amène ainsi à ne pas stariser que des caisses impayables.

Porno Panda

On retrouve ainsi, comme dans les précédents épisodes, des championnats uniquement accessibles aux ancêtres européens, aux Toyota Yaris ou aux micros cars, ces boîtes d’allumettes populaires dans les étroites rues urbaines japonaises. Pour parfaire sa vue à 360 degrés, Yamauchi glisse également le joueur dans la peau d’un directeur de courses en mode B-Spec. Une nouveauté assez souriante (on regarde la course et on donne des ordres à son poulain) mais vite lassante. Sans oublier un éditeur de circuits embryonnaire qui décevra les fans de Trackmania.

Bardé d’événements spéciaux cassant le game design planqué de l’A-Spec, son mode carrière, GT5 s’ouvre aussi au karting, au Nascar et au pilotage de mini-van VW sixties sur le circuit de Top Gear (l’émission moteur culte de la BBC). Marrant, sans plus, tout comme le rallye. La vingtaine de circuits de base rafraîchit également les habitacles avec notamment Nürburgring et Suzuka.

Almanach automobile avec une page expliquant les faits les plus marquants de chaque modèle, Gran Turismo 5 joue également à fond la carte du « porno auto ». La voiture utilisée aguiche en fond d’écran 3D posant dans divers environnements flatteurs tandis que des saynètes d’introduction (vite rébarbatives) mettent en scène la voiture que l’on vient d’acquérir… sans oublier un mode photo très complet. Onaniste et otaku, le titre de Polyphony n’oublie heureusement pas l’essentiel. A savoir des sensations de conduite simulation et arcade comme nulle part ailleurs permettant de littéralement sentir la voiture qui dérape. Jamais dictionnaire n’a été aussi grisant.

Gran Turismo 5, édité par Sony Computer Entertainment et développé par Polyphony Digital. Age 3+. Disponible sur PlayStation 3.

Sony PlayStation 3 Gran Turismo 5 Racing Pack avec une PlayStation 3 en version 320 Go, une manette et Gran Turismo 5 (349 euros).
Gran Turismo 5 Edition Signature avec porte-clef, clef USB 4 Go, porte feuille en cuir, modèle réduit Mercedes SLS AMG, artbook, magazine APEX et téléchargements exclusifs (180 euros)/
Gran Turismo 5 Edition Collector avec magazine APEX et téléchargements exclusifs (80 euros).

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Michi-Hiro Tamaï

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