Na Wéwé

© RTBF

Nominé à la cérémonie des Oscars qui se déroulera ce dimanche 27 février, le court-métrage d’Ivan Goldschmidt dénonce avec finesse la discrimination ethnique.

1994: la guerre civile fait rage aussi au Burundi, petit pays d’Afrique centrale voisin du Rwanda où s’opposent une rébellion d’ethnie majoritairement hutue et une armée nationale essentiellement tutsie. Un minibus transportant des civils est arrêté sous la menace des armes.

Bientôt, du côté rebelle, on tente de trier les passagers, comme on sépare le bon grain de l’ivraie: les Hutus à gauche, les Tutsis à droite. Mais les choses ne sont pas aussi simples… S’ensuit alors un ping-pong de questions-réponses tendues accouchant d’une véritable rhétorique de la survie: il s’agit d’être suffisamment convaincant pour échapper à la mort.

Toi aussi

La Trois se montre plutôt bien inspirée en diffusant ce film coproduit par la RTBF à la veille de la 83e cérémonie des Oscars, Na wéwé y concourant dans la catégorie du meilleur court métrage de fiction. En kirundi, « Na wéwé » signifie « Toi aussi », ce qui donne « You too » en anglais. Le détail a son importance puisque le film, dans une logique homonymique un brin forcée, joue de la confusion entre « You too », « Hutus » et la musique de « U2 » pour dénouer les fils d’une intrigue peu banale ponctionnant à la source de situations et de personnages, on s’en doute, bien réels.

Au-delà d’un traitement gentillet et inoffensif, voire carrément naïf, le court métrage d’Ivan Goldschmidt dénonce ainsi fort à propos l’absurdité et l’injustice profondes inhérentes à toute forme de discrimination liée à l’appartenance ethnique, et se fait, au passage, le chantre du métissage.

Na Wéwé, 21.05 sur La Trois.

Court-métrage d’Ivan Goldschmidt, avec Renaud Rutten, Floris Kubwimana, Ismaël Kaposho. 18 minutes. 2010.

Nicolas Clément

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