Critique

Mildred Pierce

Myriam Leroy
Myriam Leroy Journaliste, chroniqueuse, écrivain

Todd Haynes revisite « Le roman de Mildred Pierce » (1945) en compagnie d’une éblouissante Kate Winslet. Portrait de femme et fresque d’époque.

UNE SÉRIE HBO, CRÉÉE PAR TODD HAYNES. AVEC KATE WINSLET, GUY PEARCE, EVAN RACHEL WOOD. ****

Ce samedi 5 janvier à 20h15 sur La Une.

Il était difficile de se mesurer au superbe film de Michael Curtiz, Le roman de Mildred Pierce, sorti en 1945. Tout, de la modernité du propos à l’interprétation prodigieusement juste de Joan Crawford (qui remporta un Oscar pour ce rôle), en passant par le travail sur la lumière, contribuait à en faire une oeuvre inoubliable. Soixante-six ans plus tard, sa version revue et corrigée par Todd Haynes et portée par une merveilleuse Kate Winslet (couronnée d’un Emmy pour sa performance) relève le défi avec une classe folle. On y suit le parcours chaotique d’une jeune femme, mariée, deux enfants, une jolie maison dans la banlieue de Los Angeles, qui se sépare de son mari durant la grande dépression et se retrouve rapidement sur la paille. Et qui, pour assurer une vie décente à sa marmaille, décide de se trouver un job. Ne disposant d’aucune qualification, Mildred Pierce devient serveuse -une occupation particulièrement humiliante pour une femme de son rang à cette époque. Mais le destin va sourire à Mildred, puisque cette féministe avant la lettre va rapidement gravir les échelons et même, trouver l’amour. Il y a cependant un versant sombre à la vie de cette self-made-woman. Au fil des épisodes, sa fille aînée va révéler son infâme personnalité, un visage démoniaque, et une influence destructrice. Mildred Pierce est à la fois une fresque d’époque, le récit d’un destin de femme battante que tout accablait, et l’évocation d’une relation mère-fille d’une cruauté terrible, qui ne peut laisser personne indifférent. Une oeuvre télévisuelle ample et émotionnellement très puissante, une minisérie aux maxi effets dont on ne sort pas tout à fait indemne. En V.O. sur La Trois les 7 et 14 janvier.

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