La fille de l’autre

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Rencontrée autour d’un plat de pâtes, Anne Parillaud revient pour Focus sur les raisons qui l’ont poussée à jouer dans ce téléfilm. Lequel met en scène une femme bouleversée par la mort de son bébé, et qui vole celui d’une femme venant tout juste d’accoucher sous X.

Anne Parillaud incarne Judith dans ce téléfilm de Harry Cleven. Une femme brisée par la mort de son bébé, qui vole celui d’une autre qui vient d’accoucher sous X. Très vite, la mère légitime retrouvera le fruit de sa chair, tandis que l’autre sombrera dans la folie.

Pas toujours très finement amenée, cette fiction tirée d’un roman est toutefois sauvée par une mise en scène efficace, une jolie photographie et un climat oppressant convaincant. Anne Parillaud, qui donne la réplique au formidable jeune comédien belge Thomas Coumans, ne démérite pas, en femme au bord du précipice.

Propos glanés autour d’une assiette de pâtes, que la mincissime actrice a remplie deux fois.

Qu’est-ce qui vous a décidée à accepter ce rôle?
J’ai été très touchée par le personnage. Je suis attirée par des rôles de gens qui font des actes condamnables tout en gardant en eux une certaine pureté. Des gens qui s’écoutent, alors que dans la société actuelle, on a dompté l’animal sauvage qui était en nous. Ces personnes ont une vérité qui est plus intéressante que celles qui vivent selon des standards conformistes. Judith est un être très beau, une femme avec une belle âme. Elle est juste en souffrance.

Comment vous êtes-vous plongée dans les souliers de cette femme?
En général, je prépare beaucoup mes personnages. Mais là pas. Je me suis posée la question du pourquoi. Je crois que, non seulement, je pouvais me baser sur ce que je connaissais de la souffrance des femmes qui ne peuvent pas enfanter dans mon entourage, mais aussi que je voulais vivre l’état dans lequel cette femme plongeait au fur et à mesure, en même temps qu’elle. Etre envahie par ses émotions directes et spontanées.

On se défait facilement d’un rôle comme celui-là?
Judith est restée longtemps en moi. J’ai dû faire un deuil. Cette femme, je l’ai comprise, j’ai voulu la défendre, j’ai voulu que les gens la reçoivent telle qu’elle était. Elle m’a laissé des traces.

Que lui avez-vous apporté de vous?
Notre base, cette liberté de faire des choses hors normes, est la même. Moi aussi je suis différente, moi aussi j’ai été soumise à des jugements et des critiques, moi aussi je me suis fait remarquer parce que je n’acceptais pas de vivre comme tout le monde.

Le cinéma est arrivé par hasard dans votre vie. Vous vouliez devenir avocate…
Et l’approche de mon travail s’inscrit dans cet axe. Je défends un personnage qui me convainc, j’essaye d’éviter qu’il soit trop sévèrement jugé. C’est un désir déguisé de défendre la nature humaine en général. Je ne regrette donc jamais aucun rôle.

La fille de l’autre, 20.55 sur La Une.
Téléfilm de Harry Cleven, avec Anne Parillaud, Thomas Coumans, Virginie Lavalou.

Myriam Leroy

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