10 ans d’Écritures chez Casterman

© Casterman
Olivier Van Vaerenbergh
Olivier Van Vaerenbergh Journaliste livres & BD

La collection Casterman fête son anniversaire avec une belle exposition mais un livre navrant. L’éditeur de Taniguchi se chercherait-il un second souffle?

Si aujourd’hui, plus personne ne s’étonne de feuilleter des objets qui n’ont plus ni la forme ni la pagination des BD de papa, il fut un temps où la bande dessinée devait encore prouver au grand public qu’elle était un objet certes graphique mais aussi littéraire, et d’une valeur artistique pas plus honteuse que d’autres. Ce temps-là, c’était il y a dix ans à peine, quand Casterman s’est lancé, après nombre d’indépendants, dans le roman graphique, sous l’impulsion de Benoît Peeters et Louis Delas: une collection rassemblée dans un petit format proche du roman, à la pagination fluctuante; une couverture où la typographie est plus présente que l’image (!); des récits pour adultes tournés vers l’international, les expériences graphiques, le noir et blanc; quelques chefs-d’oeuvre pour lancer la machine: la collection Casterman Écritures s’est effectivement imposée comme une des plus remarquables de ces dix dernières années.

L’exposition que lui consacre le Centre belge de la bande dessinée est suffisamment éloquente: on y retrouve évidemment des planches de Baru et de Taniguchi, fondateurs de la collection avec L’autoroute du soleil et Quartier lointain, mais aussi de quelques blockbusters publics ou critiques: Kiki de Montparnasse de Catel et Bocquet, Droit du sol de Charles Masson, Habibi de Craig Thompson, Amères saisons de Etienne Schréder… avec un focus, avouons-le moins confondant, sur les dernières publications en date, desquelles émergent tout de même le Marcinelle de Salma ou La patience du tigre de Fred Bernard. Mais on est cette fois carrément resté coi devant l’ouvrage collectif publié pour l’occasion, La villa sur la falaise: dix auteurs s’exprimant en 20 pages sur un pitch de Sokal -une maison, coupée en deux, à flanc de falaise. On y voit certes Taniguchi et un ou deux anciens, mais aussi des quasi-inconnus franchement indigents, dans une contrainte aux antipodes de la collection… Une étrange faute de goût qu’on n’essaiera pas de comprendre, mais juste d’oublier.

DIX ANS D’ÉCRITURES, DU 4/12/11 AU 8/04/13, CBBD, 20 RUE DES SABLES À 1000 BRUXELLES.

LA VILLA SUR LA FALAISE, OUVRAGE COLLECTIF, CASTERMAN ECRITURES. *

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