Focus Brolcast #17: Le hooliganisme est un sport de combat, rencontre avec un certain Stéphane…

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Serge Coosemans
Serge Coosemans Chroniqueur

Ambiance Coupe du monde oblige, Serge Coosemans et DJ Kwak nous parlent foot. Foot? Oui, foot, mais à leur façon, nos deux lascars étant plus intéressés par la sous-culture des abords du stade et des kops de supporters hardcore que par ce qui se passe sur le terrain. Le hooliganisme, sa vie, son oeuvre, ses kifs culturels, c’est le menu « pan, dans les dents » concocté avec un certain Stéphane, un garçon resté à demi-anonyme pour d’évidentes raisons.

Il paraît que dans l’Antiquité déjà, certains supporters se mettaient des pains sur le nez parce que les uns soutenaient Ben-Hur à la vie, à la mort, et les autres pensaient qu’il avait des petits airs de gonzesse, avec sa jupette en lanières de cuir et son amour des canassons de course. Le hooliganisme moderne, tel qu’il est perçu aujourd’hui, celui associé au football en tous cas, daterait quant à lui du 19e siècle. En 1885, on retient ainsi qu’un match pourtant à priori amical entre Preston North End et Aston Villa se termina en bagarre générale. Le phénomène prit de l’ampleur durant les années 1950, 60 et 70. C’est alors que se greffa au hooliganisme une culture spécifique, avec notamment une musique typée (reggae, punk…) et un attrait prononcé pour les fringues de designers chez certains « casuals » (ceux qui ne s’habillent pas aux couleurs du club).

Le hooliganisme a inspiré énormément d’articles crétins de tabloïds et puis aussi, quelques bouquins et films qui valent particulièrement le détour, parce qu’ils abordent le phénomène de façon pas forcément moins tapageuse mais plus respectueuse de la réalité de ce qui se trame entre supporters. Parmi les Hooligans, long récit de Bill Bufford, journaliste américain « embedded » avec des supporters est sans doute ce qui s’est fait de mieux, avec notamment quelques pages monumentales sur la psychologie des foules. Au cinéma, c’est un téléfilm de 1988 d’Alan Clarke, The Firm, avec Gary Oldman, qui dépeint le plus fidèlement possible la vie d’un « casual » typique. On peut aussi citer ID, où un flic infiltré parmi les hooligans devient un bad lieutenant des stades, ainsi que Football Factory, film adapté du roman de Jon King, auteur de première bourre dès qu’il s’agit de parler de skinheads et de sous-cultures, pertinence et point de vue malin que le film n’a pas oublié de retranscrire assez fidèlement.

C’est d’ailleurs ce même Football Factory qu’un certain Stéphane, notre invité du jour, considère comme l’un des seuls « bons » films parlant de son « hobby ». Parfaitement intégré à la société, Stéphane est hooligan durant ses temps libres, avec tout ce que cela implique: code d’honneur, bonnes tranches de rire, passion du foot qui se coûte en milliers d’euros et puis aussi rencarts pour cogner d’autres supporters, ce qui peut conduire à d’éventuelles interdictions de stade et à quelques ennuis sérieux avec les autorités. D’où le recours à l’anonymat relatif et à quelques jongleries de langage pour expliquer ce qui ne peut se trahir tout en laissant tout de même bien capter les enjeux, l’ambiance et les réalités du dossier aux béotiens que nous sommes. Un corner qui se transforme en coup franc, en somme (sc)

Focus Brolcast #17: Hooliganisme by Focus Vif on Mixcloud

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