Applause, entre Stromae et Yelle au BSF

© Noah Dodson

Un dernier round à l’image de ce Brussels Summer Festival 2011: mélange d’audace et d’artistes rassembleurs.

Combat inégal ce dimanche au BSF entre Applause d’un côté, et la dance fluo de Yelle et celle rococo de Stromae de l’autre. On avait peur que le Magic Mirrors soit rempli comme le Jan Breydel Stadium un soir de match du Cercle. Ce ne fut pas le cas… Il faut dire le groupe franco-(pour le chanteur) belge (pour les 4 musiciens) a reçu les applaudissements des Inrocks (et ceux de Focus aussi!) et commence à se faire entendre en radio avec son Black Sand aux accents très soul. En prolongement de leur lyrique et funky premier album Where It All Began, le groupe détourne joyeusement la pop avec une esthétique cinématographique. Tantôt jazzy, tantôt électro, tantôt rock, les morceaux créent des ponts entre les genres, que l’on traverse dans une nuée d’ombres. Car on voyage souvent en terre d’épouvante ou de thriller avec Applause: du glamour dantesque que n’aurait pas renié par instants Nick Cave. Avant de nous remettre sur des nuages d’anges funk. Schizofrénésie.

Après cela, l’envie manque pour subir les boum boum pouet pouet de Stromae, qui aura sans nul doute retourné le Monts des Arts avec son tube de l’année depuis deux ans (Alors on danse, irrésistible on l’admet). D’autant plus que plus tôt dans la soirée Yelle nous a gratifié d’une électro bulle de savon, avec une arrivée toute de buisson vêtue (…). Normal, le deuxième album des Français s’intitule Safari Disco Club. Et tout au long du set le débat fait rage: Chantal Goya sous acides ou Dorothée sous poppers? Yelle joue à fond le trip teenager régressif. « Vous êtes prêts à danser comme des enfants débiles? » demande la chanteuse (désormais dans un ensemble encore plus moulant que l’plus moulant de tes leggings): ben oui, et même à faire des bulles avec notre chewing-gum, à se lancer dans des batailles de polochons, à rouler des pelles à notre bras pour s’entraîner à embrasser, et puis à se repasser La boum en boucle… Si le simplisme du groupe est entièrement assumé, il irrite aussi facilement. Les chansons ont pourtant un atout majeur: leur charge sexuelle voilée sous le sucre de la pop, à vous pervertir une jeunesse sans en avoir l’air. Comme la meilleure conclusion possible pour le festival bruxellois, à l’image souvent lisse malgré quelques coups d’éclat dans la programmation de cette édition 2011 (Balthazar, Syd Matters, Moriarty, De La Soul, The Bony King of Nowhere…).

M.M.

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