Critique

The Descendants

DRAME | Alexander Payne signe la chronique douce-amère d’un deuil annoncé et d’une hypothétique reconstruction. Avec un mémorable George Clooney.

THE DESCENDANTS, DRAME DE ALEXANDER PAYNE. AVEC GEORGE CLOONEY, SHAILENE WOODLEY, BEAU BRIDGES. 1 H 50. SORTIE: 08/02.

Mettant fin à un silence de 8 ans (si l’on excepte sa contribution au film collectif Paris, je t’aime), The Descendants vient rappeler fort à propos combien Alexander Payne occupe une place à part dans le paysage cinématographique américain. Porté par une humeur toute singulière, ce nouveau film conduit le réalisateur à Hawaii, décor de carte postale n’ôtant rien à l’intensité du drame intime que vit Matt King (George Clooney), un homme dont la vie bascule lorsque sa femme, Elizabeth (Patricia Hastie), est victime d’un accident de bateau qui la plonge dans le coma.

Au tragique de la situation qui ne laisse aucun espoir de rémission s’ajoute son désarroi lorsqu’il apprend de la bouche de leur fille aînée, Alexandra (Shailene Woodley), qu’Elizabeth avait une liaison au moment des faits, révélation en prise directe sur l’abîme. Entraîné dans une zone de sévères turbulences, Matt va pourtant tenter de faire face, devant tout à la fois reconsidérer son passé et essayer de se trouver un futur en compagnie de ses 2 filles qu’il avait jusqu’alors négligées. Enjeu existentiel auquel s’en superpose un autre, moins anodin qu’il n’y paraît: l’éventuelle revente des terres familiales, dernier espace vierge des îles, hérité de lointains ancêtres, et objet de spéculations diverses…

Vulnérabilité dévoilée

De About Schmidt en Sideways, le cinéma d’Alexander Payne a su évoluer joliment sur le fil des aspérités de l’existence, le cinéaste balayant un large spectre d’humeurs et d’émotions pour atteindre à une appréciable densité humaine. The Descendants ne déroge pas à la règle qui s’érige en chronique douce-amère d’un deuil annoncé, et de la fort hypothétique reconstruction l’accompagnant -une aventure intime glissant harmonieusement de la légèreté de façade, écho à l’image d’Epinal véhiculée par Hawaii, à une gravité ne s’encombrant pas pour autant de pathos inutile. L’exercice n’avait rien d’évident, Payne s’en acquitte avec bonheur, évitant les chausse-trappes scénaristiques, et autres dérapages malencontreux -ainsi, notamment, lorsqu’il envoie son protagoniste à la recherche de l’amant de sa femme, épisode improbable a priori qui va définitivement faire sortir le film des sentiers battus.

Chemin faisant, le réalisateur réussit aussi à dépasser le cadre du mélodrame familial pour signer un film à la résonance discrètement universelle. Tout est là question de mesure, et celle adoptée par Payne est assurément juste, qui confère à The Descendants une dimension à la fois réconfortante et aiguisée. Le tout, idéalement relayé par George Clooney, dont la vulnérabilité dévoilée, mâtinée d’une décontraction n’appartenant qu’à lui, confère à ce film des accents durablement pénétrants.

Jean-François Pluijgers

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