IMHD 2.23: ne pas chercher hors de chez soi ce qu’on peut y trouver

J’ai passé deux semaines au semi-calme, merci. Entre hip hop anxiogène d’une part, complètement festif de l’autre, soul réconfortante et même un tour du côté de And Justice for All. In My Hard Drive, S02E23.

Assister au concert de Cody Chesnutt et en ressortir complètement séduit par ce bonhomme, dont la voix, la qualité des chansons, le contact avec le public sont les principaux arguments de « vente ». Un groupe solide sans plus (le band de son église), mais une vraie communion entre les musiciens et leur audience. C’était à Louvain, au Depot ce dimanche soir. Et c’était très bon! Ce gars-là a du charisme et du talent. Galvaudé, selon le souvent fort avisé Simon Le Saint, pour qui Cody Chesnutt aurait pu être un artiste de la trempe de Lenny Kravitz, n’était-ce le côté « prise de tête » du bonhomme. Question pertinente s’il en est. D’autant que, ayant retrouvé le chemin vers le Très Haut, il se refuse à chanter son ancien répertoire, disons plus profane. Question subsidiaire: refuse-t-il aussi les droits d’auteur et royalties attachés qui pourraient être assez coquets?

Mes visites de la semaine chez les disquaires bruxellois ont été fécondes et productives. On parle de « hard ware ». Ce serait bien de remettre Bo Diddley au panthéon tant du rock que de la soul, puisque l’homme à la guitare rectangulaire est d’une importance capitale dans les deux styles. Big Bad Bo, l’album que j’ai acheté, contient le classique Hit or Miss, samplé par de nombreux producteurs mais aussi notamment Bite You, morceau-fendard à chanter à tue-tête dans un embouteillage. Et quelques maxis de Ultramagnetic MC’s, un album de Donald Byrd, Richard Groove Holmes reprenant le thème de L’homme qui valait 3 milliards (The Six Million Dollar Man, en anglais) sur l’album du même nom, valaient largement le déplacement. Tout comme le 45T des Isley Brothers Take Inventory et la petite leçon de chose qui va avec… Il ne faut pas toujours chercher hors de chez soi ce qu’on peut y trouver. Ou était-ce un coup de chance?

Et à part ça, ben, figure-toi que ça va. « Qui trop embrasse, mal étreint » dit le sage. Oh No, en sortant des albums sans apparemment trop de discernement, se perd. Disrupted Ads, son dernier opus en date tient difficilement la comparaison avec le précédent, Ohnomite, l’un des tous meilleurs albums hip hop de l’année dernière. Sauvé par deux morceaux (mais lesquels!), c’est un ensemble cohérent mais intenable, comme une promesse électorale.

Aussi par Blu et Med, Burgundy Whip, produit par Madlib, le frère de Oh No. Bien « fat » comme on dit dans le jargon, épais, mélodieux.

Hip hop toujours, mais anglais cette fois, Strange U fournit un rap anxiogène et tendu avec Klaatu Barada Nikto. Le genre de truc injouable en soirée mais parfaitement maîtrisé tant sur le fond que sur la forme.

Mr Mendel est un excellent DJ-éditeur amstellodamois qui refond des classiques pour ses DJ sets. Son dernier morceau, l’impeccable The Bottle de Gil Scott Heron est imparable… Testé et approuvé sur un dancefloor près de chez toi.

En tenant de faire de l’ordre dans mon disque dur quasi-plein, je suis retombé sur l’album And Justice for All de Metallica. Bien que fort vieilli en termes de son et de production, ça reste un excellent album de thrash-metal. Ça ne me rajeunit pas mais bon… En vous demandant la route, quoi que vous fassiez, faites-le bien. En vous souhaitant une excellente semaine.